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6 juin 2009

The Last Flight de William Dieterle - 1931

vlcsnap_239889Sur les conseils pressants de notre nouveau lecteur pointu, N.S., un coup d'oeil sur ce film qui nous fut présenté comme un "Husbands parisien". Eh bien grand merci au ci-dessus cité, puisque The Last Flight sort effectivement nettement du lot, trouvant même une belle profondeur de scénario au sein d'une histoire apparemment innocente.

Pas grand-chose pourtant, cette trame : après la première guerre, qui s'est conclue pour eux par un crash aérien, une bande de potes décide de vider les mauvais souvenirs et de panser les blessures dans le "Gross Paris", lors d'une virée alcoolisée et effrénée. Bourrés du début à la fin, ces jeunes gens traquent la jeune fille, se livrent à des farces de potaches (dont la plus héroïque est de plaquer un cheval comme au rugby), s'avalent des picon-vlcsnap_249521citrons à la chaîne et s'éclatent bien. Mais petit à petit, au creux de cette escapade comique, leurs tourments les rattrapent, et leurs souvenirs de guerre viennent teinter le tout d'une amertume qu'on n'atendait pas. Jusqu'à un final assez bluffant, dramatique à souhait, qui ajoute une touche légèrement macabre à la farce : nos amis sont-ils vraiment sortis sains et saufs du crash initiatique ? Mine de rien, ce film léger traque les séquelles du combat dans la caboche et le corps de ces hommes pas encore sortis de l'adolescence, et la beuverie libératrice n'est peut-être qu'un leurre pour cacher une fuite éperdue de l'enfer...

Malgré ce fond sombre, The Last Flight est un petit bonheur de comédie : entre le gars sans cesse complètement soûl qui s'endort dans tous les coins du décor, le matamore persuadé qu'il peut sans problème mater un taureau dans l'arène, et les blagues à deux balles auxquelles ils se livrent sur des victimes vlcsnap_251224offusquées, c'est un festival de petites scènes sans conséquences, montées très vite et avec un sens de l'ellipse imparable. C'est joyeux comme tout pendant les 3/4 de la chose, et ça rappelle effectivement le Cassavetes excessif de Husbands. La mise en scène de Dieterle est vraiment fine, avec mille minucules idées toutes modestes mais savoureuses (la première séquence de combat est assez énorme, un mélange de grotesque et de tragédie réglé en une minute, qui commence en l'air et finit en un seul mouvement sur les aiguilles d'une horloge déjà fatidique qui épouse le rythme des hélices d'un avion). Si les acteurs ne sont pas vraiment des génies, Dieterle fait oublier ces comédiens pâlichons et l'indigence de ses moyens par un sens du rythme impeccable. Amère et plus profonde qu'il n'y paraît, une comédie légère teintée de tragédie, le tout amené modestement et "honnêtement". Bon boulot, Will.

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