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2 juin 2009

LIVRE : Abbas Kiarostami par plein de gens pointus - 2008

untitledVoilà un petit livre bien passionnant et intelligent sur le père Abbas, qui fait tranquillement le tour de sa carrière en dégageant des lignes vraiment bien vues. Pas si évident pour un cinéaste finalement assez éclectique qui a oscillé entre les films pédagogiques pour enfants, les documentaires radicaux, les grandes réflexions poétiques et les expérimentations en caméra DV. Le livre est découpé en trois parties : 1/ la moins intéressante : quleques articles de fond particulièrement pointus et qui se laissent parfois aller à se regarder réfléchir sur le cinéma kiarostamien en général ; 2/ des entretiens avec le maître, qui vont de sommets (ses réflexions sur le son, l'interview sur Le Vent nous emportera) à des choses plus oubliables (un entretien complètement planté avec Akira Kurosawa) ; et 3/ la filmographie complète commentée par les gusses des Cahiers, partie qui touche au grandiose pour le coup.

Kiarostami, sybillin et légèrement de mauvaise humeur, y apparaît comme un cinéaste exigent et intellectuel, dont chaque demie-seconde de cinéma est pesée et sensée, mais qui laisse aussi une grande part au hasard et au lâcher-prise. Dans sa quête éperdue de la vérité (qui "se cache derrière la réalité", belle formule), il parle longuement de son intérêt pour les acteurs amateurs, pour les enfants, pour l'imprévu qui jaillit dans les creux de son cinéma très réfléchi et très construit. Tous ces textes mènent avec une belle logique à son chef-d'oeuvre, Five, sorte de quintessence du travail du père Abbas, qui allierait un savoir-faire technique hyper-rôdé au naturalisme, d'où le metteur en scène s'extraierait. Belles réflexions sur le mensonge induit par les mouvements de caméra, par la présence de l'équipe technique, et simplement par le regard du metteur en scène : il y a dans ce résumé de carrière une cohérence imparable, et on a vraiment l'impression de suivre pas à pas un style en train de se construire.

Et puis surtout, ce livre permet de se rappeler un peu que les vrais patrons, quand même, au final, c'est les Cahiers du Cinéma. On peut l'oublier, parfois. Franchement, leurs articles sur les films de Kiarostami sont absolument énormes, notamment ceux de Bergala et de Laurent Roth. Lire à propos de Ten : "AK invente du premier coup la caméra-vidéo affective", ou à propos de Five : "Rarement nous avons eu avec une telle intensité, devant un écran , le sentiment d'être devant un morceau et un moment du monde rendus visibles par la puissance de l'artifice d'une machine à cadrer, à faire le point, à travailler la lumière.", ou suivre une théorie sur "l'opposition fusionnelle" des objets et des enfants dans Le Pain et la Rue forcent le respect. Pour la justesse de ce regard et cet amour exigent envers un cinéma qui ne l'est pas moins, Abbas Kiarostami est une lecture primordiale.

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