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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
3 mai 2009

Le Funambule (Man on Wire) (2008) de James Marsh

19016152_w434_h_q80Voilà un documentaire qui vaut son poids de fil de fer et qui prend presque encore plus de résonance après les événements du 11 septembre 2001... James Marsh monte son film comme une intrigue policière en insistant sur l'intense préparation qu'a pu demander la réalisation de ce projet qui dépasse l'entendement. Philippe Petit, un Français (son de clairon), semble pratiquement être né avec l'idée démentielle de faire le mariole sur un fil entre les deux tours du (feu) World Trade Center. Après avoir tendu son fil - comme des galops/galas "d'essai" - entre les deux tours de Notre Dame de Paris et les deux piliers du Harbor Bridge de Sydney, le Philou (bien nommé) prépare minutieusement avec ses acolytes ce "hold up artistique", ce coup du siècle. Marsh nous conte par le menu (à l'aide de films vidéo amateur tournés par l'entourage du grand Petit, d'interviews récentes des participants et de séquences de reconstitution pour le Jour J - relativement sobres pour une fois) les intenses périodes de réflexion, de discussions et d'entraînements pour que ce projet voie le jour. Point la peine de faire dans la surenchère, d'en rajouter plus que cela dans le suspense, tant la finalité du projet vous tient en haleine dès les premiers instants. On découvre un personnage proprement halluciné qui a su s'entourer, pour la plupart, d'une équipe pleine de lucidité quand il avait un peu tendance à s'emballer... Mais comment reprocher une seconde au bonhomme son "petit" côté extraverti quand on est capable de tutoyer les anges (et l'expression est faiblarde, si, si) de cette façon. Bref, point la peine d'en dire plus, laissons à chacun le plaisir de découvrir - ou de revivre - cet exploit surhumain (bon, c'est po Herzog aux commandes, malheureusement, mais Marsh s'en tire honnêtement).

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Quelques mots tout de même pour prendre un peu de recul. La fin, si elle est magique en soi, porte en elle son lot d'amertume : l'"équipe" réunie autour de Philippe Petit pour le permettre d'aller jusqu'au bout de ses rêves volant littéralement en éclat juste après l'exploit, comme si ce dernier avait soudainement ressenti le besoin de couper les ponts, de s'envoler vers d'autres cieux. L'émotion de certaines personnes interviewées quand elles évoquent cette "affaire" fout vraiment la chair de poule. Enfin, après la "mise à mort" de ces tours dans le bruit et la fureur, l'acte totalement gratuit de cet artiste funambule prend une autre dimension disons... une sorte de quatrième dimension comme si le rêve pouvait prendre le pas, parfois, sur la réalité.  Voilà, conquis, je vous lance le fil(m).   (Shang - 17/12/08)    

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Complètement sous le charme de ce film qui vous attrappe dès les premières minutes et qui sait déclencher toutes sortes d'émotions du début à la fin : il y a du film d'aventures là-dedans, du suspense, de l'humour, du mélodrame flamboyant. L'aventure de Philippe Petit entre ces deux tours prend des airs de casse du siècle, avec la différence notable que, contrairement aux autres films du genre, son acte est ici totalement gratuit, totalement poétique. Le plus bel exploit finalement, c'est bien de prouver par A plus B que le but ultime d'une vie peut être entièrement consacré à une sorte de contre-productivité, et c'est hallucinant d'assister à cette préparation minutieuse destinée uniquement à un acte inutile.

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Magnifiquement monté, Man on Wire gère l'émotion en maître. Il faut dire que cette histoire réserve son lot de coups de théâtre (échecs, découragements, espoirs, et même ce soupçon de traîtrise au sein du petit groupe, on est définitivement dans un polar grand cru). Les témoins sont tous très attachants, à commencer par Petit lui-même dont l'oeil s'allume sans cesse au souvenir de son aventure. Ses acolytes sont eux aussi parfaits, sortes de baba-cools allumés et branquignoles qui finissent par accomplir un exploit sidérant. Il faut les voir essayer de trouver des solutions pour faire passer le cable d'une tour à l'autre à l'aide de croquis de CM2 : on utilise une batte de base-ball ? un ballon de foot ? une cane à pêche ? Non, les gars, j'ai une idée, on va fabriquer un arc avec un bout de bois... Il faut les voir secouer comme des malades une corde tendue dans un champ pour simuler le vent entre les tours, ou se rouler comme des cons dans l'herbe à chaque nouvelle idée improbable. Le côté amateur de l'entreprise est très bien rendu par ces témoignages rigolards des protagonistes de l'affaire. Dans la dernière demi-heure, le film atteint vraiment une poésie hors du temps, les histoires d'amour se mêlant au film d'aventure, l'intimité entre cette bande de potes trouvant une sorte d'accomplissement dans cette petite silhouette qui traverse le ciel. Marsh nous mène doucement à ce climax, sans qu'on y prenne garde, et ce qui était depuis une heure un film de suspense devient un essai poignant sur la liberté et la fidélité.

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J'ai bien une petite réserve sur les scènes de reconstitution en noir et blanc, un peu trop lêchées, un peu trop explicatives, qui laissent peu de place à la rêverie et à l'imagination. Mais l'émotion qu'on ressent à la sortie de ce film est assez forte pour faire oublier les méthodes pas toujours honnêtes de Marsh pour la déclencher. Un très beau documentaire humble et fascinant.   (Gols - 03/05/09)

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