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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
1 mai 2009

Tucker (Tucker : The Man and His Dream) de Francis Ford Coppola - 1988

tucker17Non, décidément, rien de bon dans ces productions grand public du Coppola des années 80. Tucker est un film certes regardable, mais complètement gâché par le goût du porte-monnaie que Francis Ford regarde avec beaucoup trop de complaisance pour être vraiment honnête. On comprend bien qu'il y a derrière cette biographie de l'inventeur génial une sorte d'auto-portrait du cinéaste en rêveur ambitieux, et qu'il profite de ce scénario pour tenter de régler quelques comptes avec ses producteurs. Mais plutôt que de critiquer le système en réalisant un film hors des sentiers battus, Coppola s'enfonce dans le goût commun avec une énergie génante.

Le film repose entièrement sur une fausse bonne idée : pour raconter l'ascension de Tucker, il réalise une sorte de faux film d'entreprise, imprégné par l'esthétique pubesque de ces années-là, sourires Colgate et couleurs saturées à l'appui. Le toutucker21t baigne donc dans une ambiance chic et toc, Coppola n'hésitant pas à faire surjouer son acteur (Jeff Bridges, malheureux) dans la veine "bonheur climatisé" de cette époque d'après-guerre. Ambitieux peut-être, mais sans avenir : ça s'écroule au bout de quelques minutes, le film n'arrivant jamais à trouver le biais pour se servir de cette esthétique superficielle pour en critiquer les rouages. Le bonheur facile de l'Amérique des 50's est plus fort que le film, qui finit par devenir disneyen malgré lui. Finalement, on sent que cette forme de mauvais goût plaît bien à Coppola (qui nous l'a déjà servie avec Outsiders, One from the Heart, Peggy Sue got married, etc.). Or, elle est proprement infâme : des filtres jaunes poisseux dans les scènes d'usines, un bleu clinquant pour les scènes de nuit, on est au bord de l'écoeurement.

Pour ce qui est de la mise en scène pure, Tucker est tout à fait honnête, avec de beaux mouvements de caméra très amples, des ambiances travaillées au petit poil, un montage dynamique et enjoué. Mais dans le vlcsnap_223631fond, le tout est très ambigu : Coppola a-t-il vraiment voulu critiquer la société de consommation ? On en doute en assistant à cette apologie du rêve américain, du "do it yourself" qui ne met jamais en doute sa morale petite-bourgeoise très discutable. Le personnage, dénué de toute complexité psychologique, endosse toute l'image de l'Amérique béate, et Coppola suit le mouvement sans scrupule. Un biopic sans intelligence, juste concerné par la véracité de sa reconstitution, basé sur une idée vraiment mince, et mettant en lumière le renoncement total de son réalisateur face aux contraintes économiques... je passe.

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