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Shangols
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19 avril 2009

La Zona, Propriété privée (La Zona) de Rodrigo Plá - 2008

18894449_w434_h_q80Un premier film qui ressemble vraiment à un premier film : enthousiaste, engagé, malin, mais d'une maladresse totale. Plá tient avec La Zona le sujet en or, le genre d'histoire parfaite dans laquelle on peut faire tenir une part de suspense, une louche de politique, un paquet de symboles et ce qu'il faut d'émotion : la zona du titre est un quartier de Mexico encerclé par de hauts murs, et au sein duquel vit l'élite de la population, riches propriétaires gardés par moult caméras de surveillance, bons élèves cravatés et retraités à permanente ; en-dehors c'est la misère. Trois jeunes miséreux s'introduisent dans l'enceinte, et dès lors la milice se déchaîne. Les lois de la Zona ne sont pas les lois de l'extérieur, le talion sert de slogan générique, les pots-de-vin coulent à flot, etc.

Inutile de revenir sur l'aspect politique du sujet, si ? C'est seulement là que le film est bon : Plá utilise toutes les possibilités de son histoire, qui en a beaucoup, et sert un film très sincère et assez profond sur les fossés 18906896_w434_h_q80sociaux, la fragilité des vies humaines et le prix à payer pour être en sécurité. La critique est au marteau-piqueur, mais il fallait ça pour obtenir ce style qui flirte souvent avec la science-fiction (Orwell est omniprésent en esprit) et la satire philosophique. Le monde lisse de la Zona évoque aussi bien le Blue Velvet de Lynch que les pubs actuelles sur les bagnoles, une sorte d'enfer de propreté et de sécurité qu'on assimile en deux-temps trois-mouvements à cette bonne vieille Amérique tant convoitée par les Mexicains. La scène de lynchage fait froid dans le dos, une brutalité rendue d'autant plus effrayante qu'elle se déroule sur fond de beau gazon et de pavillons proprets. 

Mais, fasciné par sa trame, Plá oublie tout le reste, semblant ignorer que faire un film, c'est aussi par 18906898_w434_h_q80exemple diriger des acteurs, réfléchir à une façon de raconter, inventer une mise en scène, découper un scénario. La Zona est totalement indigent dans tous ces aspects-là : personnages d'un bloc, jamais crédibles, incompréhensibles psychologiquement ; acteurs franchement nuls, surtout ce père de famille grimaçant ; montage illisible, qui fait qu'on a l'impression que le film est monté alléatoirement, dans un désordre complet, et qui rend tout repère dans l'espace impossible ; mise en scène absurde, caméras à l'épaule venues d'on ne sait où, cadres à travers des pans de palissades ne correspondant à aucune réalité, flou total dans le regard (qui raconte ? quel point de vue ?)... On est totalement paumés, si bien que l'histoire a l'air de se dérouler sans nous, malgré la ténacité de Plá à nous imposer sa vision personnelle à lui (on n'a pas le droit d'éprouver une quelconque empathie pour les "méchants" zonistes). Dommage, bien dommage : La Zona est finalement mauvais, mais c'est seulement parce que Plá aurait dû confier son scénario à un vrai metteur en scène ; pour l'instant, il n'est qu'un inventeur d'histoire, pas encore un cinéaste. (Gols 24/04/08)


Bon ben entièrement d'accord avec l'ami Gols, tant le manichéisme semble être le seul vrai cheval de bataille de Plà. Une cité à la desperate mexican way of life où la compassion est passée aux oubliettes, un petit jeune qui tente de garder la tête sur les épaules (je suis po comme pâpâ mais je joue pas mieux) et qui nous livre une des fins les plus ridicules de ces dernières années, 38 plans de grues pour bien nous faire prendre conscience de la barrière, deux trois séquences montées de façon totalement incohérentes (des flashs-back qui tombent comme un cheveu sur la soupe dont un particulièrement difficile à situer - le soir même de l'introduction des jeunes dans la cité ou le lendemain...?-; un plan zonade nuit avec un plan suivant, dans la continuité et au même endroit, de jour), un jeu avec les caméras vidéo de surveillance qui fait long feu - sans même parler de ces coupures d'électricité qui servent bien à rien (...), autant d'imprécisions et d'effets à la louche qui finissent par nous faire décrocher - et ma phrase est terminée. Il y avait en effet matière, manque juste une véritable réflexion formelle - c'est un premier film , ok - et un poil (mais un gros) de subtilité sur le fond.  (Shang 19/04/09)

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