Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
18 avril 2009

Le Duel Silencieux (Shizukanaru ketto) d'Akira Kurosawa - 1949

vlcsnap_14953C'est un joli film que ce Duel Silencieux, aucun doute, mais disons qu'au niveau purement formel, il manque un peu de consistance. Il fait partie de ces Kurosawa nombreux à cette époque, ceux où le dilemme moral est aux avant-postes, quitte à sacrifier un peu la patte stylistique du bon maître nippon.

Un peu comme dans L'Ange ivre, Les Salauds dorment en paix, Vivre ou Scandale, Kuro s'intéresse au combat intérieur et éthique d'un homme. Mifune est un chirurgien qui, suite à une mauvaise manip, choppe la syphilis. Cette maladie qui le ronge à l'intérieur, sans que sa froideur de surface s'en ressente, l'oblige à abandonner sa fiancée, et c'est dès lors un duel entre désir (celui d'avoir un enfant, celui d'être amoureux) et raison (la peur de la contagion) qui se livre en lui. Joli sujet, peut-être, mais qui malheureusement à l'écran est difficilement exprimable autrement que par de longues séquences de dialogues. Le film est donc assez sage, Kuro ne vlcsnap_25316sachant pas trop comment mettre du spectacle dans cette trame psychologique peu évidente. Mifune est bien entendu parfait dans son jeu tout intérieur, tête basse, machoire serrée, austérité extérieure qui tranchent avec ses rares scènes de débordement. Il incarne parfaitement cette douleur lancinante et l'abnégation de son personnage, et il est vrai que le film est riche en tourments intérieurs. Kuro sait lui opposer des personnages épais : un alcoolo hanté par la culpabilité (il a filé la maladie au médecin mais aussi à sa femme et à son bébé), une infirmière suicidaire et rancunière (Mifune lui a sauvé la vie, et elle lui en veut), une fiancée perdue face au silence du héros.

Il y a aussi de belles respirations légères au milieu de cette tragédie intime, et AK réussit encore une fois parfaitement à décrire un "milieu", une atmosphère : ici, un hôpital plein de joie et de douleurs, ou une clinique de brousse moite à souhait. Le film est contemplatif et parfois curieusement lumineux, comme dans ces choix de montrer vlcsnap_99728le temps qui passe à travers un plan (la grille de l'hôpital) qui change au gré des saisons. Même si tout ça reste assez classique et guère spectaculaire, on note un beau travail sur la profondeur de champ, AK utilisant à merveille les couloirs de son décor pour placer ses personnages tout en horizontalité. L'espace est parfaitement senti, de nombreux plans étant très inspirés dans cette façon de disposer les corps les uns par rapport aux autres, précisément modelés pour exprimer les infimes sentiments intérieurs. Pour ma part, je suis plus friand des envolées baroques de Kurosawa, mais Le Duel Silencieux reste tout à fait respectable, tout en dignité et en humanité.

le sommaire Kuro est là

Commentaires
Derniers commentaires