Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
10 avril 2009

Fortini/Cani de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet - 1976

fort002Pas le souvenir de m'être déjà autant fait chier au cinéma, sauf peut-être pour Cars (mais pour d'autres raisons) : je n'ai strictement rien compris à Fortini/Cani, mais alors rien. Bon, c'est vrai que c'est pas la première fois chez les Straub, mais d'ordinaire, même dans leurs films les plus abscons, on reste capté par la forme, par l'audace, par la contemplation, par le renversant courage des gusses, par une certaine poésie de ce qui est raconté. Ici, rien de tout ça : en choisissant un texte poético-politique de Franco Fortini, ils nous larguent complètement sur le bord de la route.

Ca commence plutôt bien pourtant ; après 10 minutes incompréhensibles, on a droit à un évènement dans le style straubien : une série d'une douzaine de panoramiques qui s'enchaînent. Quand on en a un d'habitude dans les autres films, ici c'est un festival : gauchfort020e-droite, droite-gauche, et alors là attention, même un pano VERTICAL qui a dû leur couper une jambe, et même un pano qui commence gauche-droite avant de descendre en vertical pour reprendre le chemin inverse. Oui, les Straub se prennent pour Danny Boyle. En tout cas, ces plans muets et mobiles durant un bon quart-d'heure valent leur pesant, comme dit l'autre. D'autant que en bande-son, on entend là-dessus des cris d'enfants, des voitures qui passent, des oiseaux, des chiens, du vent, enfin bref toute une mignonne symphonie naturelle qui ravit. Ca rappelle le Ciné-Tract austère qu'ils feront dans les années 2000, en moins austère, c'est très beau. On est pas loin, à ce moment-là du film, de se dire qu'on va assister à l'oeuvre la plus mobile du couple, et on jubile.

Malheureusement, après ces cadres précieux, on retombe très vite dans l'austérité légendaire, mais là qui vire à la caricature : un texte donc incompréhensible (il est question de l'antisémitisme qu'il faut différencier 3346030020371de l'anti-Israël, je crois), d'autant que Huillet met son point d'honneur à ne traduire qu'un tiers du texte, avec des sous-titres toujours aussi ardus ; des plans fixes interminables et sans repère ; des cadres sur un homme (Fortini lui-même ?) qui lit son livre d'une voix sépulcrale ; quelques mouvements encore, montrant un paysage somme toute banal ; des longs plans sur des journaux italiens, sûrement destinés à notre lecture attentive (mais je ne parle pas l'italien, ce qui est ballot)... Ca tombe littéralement des yeux, on ne trouve rien à quoi se raccrocher et on est largué, voire au final un chouille énervé par ces poses marxisto-esthético-philosophico-gavantes. Parfois, tenir un blog de cinéma pointu et nécessaire tient du travail d'esclave non-rémunéré.

Tout Straub et tout Huillet, ô douleur : cliquez

Commentaires
Derniers commentaires