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REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
3 avril 2009

A Propos de Nice (1930) de Jean Vigo et Boris Kaufman

A_propos_de_nice_Jean_Vigo

Entraînant documentaire que cette première réalisation de Vigo qui navigue entre la terre et le ciel, captant au passage le visage des passants friqués ou celui des ouvriers, jouant avec les formes géométriques de la ville, mettant en scène quelques courtes saynètes - la célèbre "poseuse" en différentes tenues d'apparat qui finit nue ou l'homme bronzant dont le visage est recouvert de cirage -, ralentissant le rythme sur cette grappe de jeunes femmes frenchcancanisant à outrance - petite pointe de légèreté (avec en plus les inserts sur les statues d'anges), de poésie et d'érotisme - ou encore l'accélérant sur un cortège derrière un corbillard - eh oui, comme dans Entr'acte de René Clair (un réel petit hommage surréaliste?...). On ressent une certaine causticité dès le départ (ces voyageurs qui débarquent et qui sont "ratissés" comme des jetons sur une table de casino), voire une véritable moquerie (une dame se promenant droite comme un i et, en insert de deux secondes, un plan sur une autruche) dans ses gros plans de bourgeois(es) avachi(e)s en terrasse ou marchant en exhibant leur tenue vintage in the sun. On passe en un tour de main de l'avant-scène - la promenade en bord de plage - aux arrière-cours avec des images sur des lavandières et sur de petites rues peu ragoûtantes. Le montage est ultra rythmé, l'esprit assez festif - les images de carnaval, les plans sur les gambettes de la grappe de femmes en folie revenant régulièrement - même si le film se clôt avec des plans sur des cheminées d'usine comme si tout ce petit monde était voué à partir en fumée - ou tout simplement parce que la pollution industrielle est déjà prégnante, ou encore comme si Vigo cherchait à faire contraster les visages burinés mais rigolards des ouvriers avec les visages pleins de morgue des riches de la première partie (une jeune femme bourgeoise détourne même la tête un moment pour cracher alors qu'une bohémienne s'approche d'elle avec un bébé - petite image joliment volée et furieusement significative)... Chacun peut encore y piocher une multitude de petites trouvailles dans ces plans qui se suivent et qui sont souvent ingénieusement apposés avec la reprise d'un motif (qu'il s'agisse de formes ou de gestes). Vigo-reusement cinégénique.

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La Natation par Jean Taris, champion de France (1931)

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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir pour ne pas couler par notre ami Jean Taris qui se fait gentiment didactique dans ce court/cours. Passage en revue des mouvements ("battre des jambes aussitôt que possible", ok), des nages ("Pour le dos crawlé, les bras passent le long du corps comme les rames d'un bateau" - Ah, c'est donc pour ça que j'y arrive po) dont certaines semblent déjà s'être perdues dans la nuit des temps (ou au fond de la piscine) comme certains dialectes et des astuces (vous êtes impardonnable après ça si vous ratez un virage sous l'eau ou un plongeon - on voit même le mouvement avec l'image qui revient en arrière pour ceux qui voudraient prendre des notes). De biens belles images sous-marines pleines de bulles avec notre Jean qui fait la torpille ou qui prend la pose comme s'il pouvait respirer sous l'eau, une évidente fluidité et un réel sens de la vitesse et de l'efficacité dans le montage et un ultime plan où notre Jean marche sur l'eau tel un Saint marin (jeu de mot que je n'avais pas vu venir, je l'avoue). Bon ben voilà, on a déjà fait le tour de toute l'oeuvre de Vigo, c'est finalement bien dommage, ma foi.

Taris

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