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31 mars 2009

Distant Voices, still Lives (1988) de Terence Davies

Davies_DistantVoices

On a presque l'impression de feuilleter un album photo en suivant ce film de Davis, comme si chaque image rappelait un souvenir qu'il parvenait à mettre en mouvement, à faire revivre. Bien que découpé en deux parties - la première évoquant surtout l'enfance des deux frères et soeur, la seconde faisant la part belle aux réunions de familles (mariages, enterrements...) - le film passe d'une vignette à l'autre comme si les photos étaient parfois dans le désordre, comme si la mémoire errait d'une période à l'autre. L'image est légèrement jaunie, fait ressortir les teintes grisâtres, et chaque lent mouvement de caméra permet de zoomer sur un détail ou de donner une vision d'ensemble du "tableau familial", chaque panoramique glissant sur l'image comme pour traduire le balayement d'un regard ou l'effort de reconstruction du souvenir dans le temps. C'est formellement assez bluffant - aussi bien le travail sur la photographie que sur le montage, sans même parler de la musique - et, au niveau du fond, cela permet d'éclairer parfaitement les différentes failles de chaque individu, lors de cette période allant du début des années 40 jusqu'aux années 50.   

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Pete Postlethwaite incarne un père de famille qui fout résolument les boules. Colérique, violent, il campe un individu détestable - le repas de Noël lorsqu'il arrache tout d'un coup la nappe de table devant ses trois enfants avant de demander à sa femme de venir nettoyer, oups -  et toute la famille semble pâtir de ses excès d'humeur : les quelques scènes qui donnent à voir la façon dont il tombe à bras raccourcis sur sa femme ou sur sa fille, qui illustrent les rapports tendus avec son fils, vous laissent complètement abasourdi dans votre fauteuil. Bien qu'il y ait quelques instants plus sereins - bien rares, notamment, jolie séquence, celle où le père s'occupe de son cheval et sifflote alors que sa progéniture l'observe du toit de la grange -, on comprend à quel point il a marqué au fer rouge l'esprit de chacun; plus tard, devenus adultes, même si certains parfois regrettent son absence, on assiste parmi ces trois enfants fragilisés à de soudaines crises de larmes comme si ce traumatisme remontait tout d'un coup à la surface. La seconde partie est résolument plus enjouée - le film est un festival de chansons populaires que l'on entonne lors de fêtes -, néanmoins on ressent toujours une tension constante, notamment entre les femmes et leurs maris qui traitent celle-ci de façon dominatrice, en petits maîtres. Ce livre d'images est une véritable plongée dans le temps, comme une nostalgie amère, et on en ressort émotionnellement un peu abattu : malgré les nombreuses chansons qui émaillent le film, cette joie lors de ces assemblées ne semble être que de surface - il s'agit plus de petites échappées belles avant de se retrouver face à ses propres fêlures et à son tristoune quotidien. Je suis parti hier soir directement au lit les jambes coupées, sans demander mon reste.

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