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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
29 mars 2009

Christine de John Carpenter - 1983

758940_928782Ah c'est sûr que ce n'est pas le plus subtil des Carpenter, ni le plus inventif ; mais quand même : malgré une réalisation un poil fade comparée aux grandes audaces habituelles du maître, malgré une interprétation plus marrante qu'autre chose, malgré une certaine propension à nous souligner soigneusement tout ce qu'il faut comprendre, Christine est un film attachant, et qui a le mérite de parler des ados avec leur langage. Carpenter filme cet univers avec toute l'opacité et l'étrangeté souhaitées : un ado qui devient un homme, ça a quelque chose de monstrueux, d'inquiétant, de violent, d'incontrôlable. Plus que l'histoire bêta d'une voiture hantée, c'est bien de ce délicat passage d'un corps à un autre, d'une mentalité à une autre, que va tenter de restituer JC.

Christine, magnifique voiture à l'ancienne, est donc le prolongement inconscient de la mentalité de son propriétaire. Un peu comme la peau de chagrin de Balzac, elle va endosser toutes les frustrations, les 758940_928781humiliations, les rêves de gloire et de vengeance et les pulsions sexuelles d'Arnie, ado binoclard coincé et tête de turc. C'est la bonne idée du film : rester dans le domaine du fantastique, mais pour rendre plus concrète une métamorphose d'ordinaire difficile à filmer. Le corps d'Arnie change, sa mentalité aussi, et sa voiture évolue en parallèle. Mieux : elle se régénère sans cesse, dans une jeunesse éternelle, clinquante et "bling-bling" qui pourrait bien être le fantasme de tout ado qui se respecte. Très belle séquence notamment, lorsqu'Arnie, humilié par les gonzesses et les caïds de son lycée, contemple avec un regard dominateur sa voiture en train de se réparer elle-même ("OK, show me"). Il y aurait de la métaphore sexuelle derrière cette carosserie rutilante que ça ne m'étonnerait pas. La voiture compense systématiquement les carences sociales et amoureuses d'Arnie, à l'image de ces chansons qui passent dans sa radio, toujours à l'unisson avec les pensées intimes de l'adolescent.

Carpenter préfère fouiller cette voie presque psychologique plutôt que de nous servir son spectacle gore habituel. On y perd pas mal côté mise en scène. Il y a bien quelques éléments formels très repérables (l'immobilité de la voiture, inquiétante à souhait ; la belle utilisation des profondeurs de champ dans toutes les scènes d'éxécution), mais beaucoup de scènes sont simplement fonctionnelles. Ca pêche un peu aux christinecarpenterag1entournures, d'autant que JC n'a jamais été un grand dialoguiste (les scènes avec les parents sont vraiment primaires) ni un grand psychologue : les séquences entre potes sont plutôt pas mal, mais celles avec la copine ne sont jamais crédibles ; JC ne comprend ici pas grand-chose aux amours adolescentes, thème qu'il avait pourtant réussi dans Halloween. Le sentiment de ratage de ce côté-là est renforcé par des acteurs soit grimaçants (Keith Gordon) soit inexpressifs (Alexandra Paul) ; à côté d'eux, le jeu bon enfant d'Harry Dean Stanton jure franchement. Mais baste : si le film n'est pas réussi formellement, il l'est dans son fond, aussi bien dans ce portrait d'un adulte en "formation" que dans la critique gentillette de l'industrialisation à outrance : depuis la première scène dans une chaîne de montage jusqu'à la dernière dans une casse automobile, Christine se bat pour devenir humaine dans ce monde de machines, et c'est plutôt intéressant à regarder.

tout Carpenter is bloody here

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