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8 mars 2009

I am Josh Polonski's Brother de Raphaël Nadjari - 2001

19023209_w434_h_q80I am Josh Polonski's Brother est un film d'ambiance, dans lequel Nadjari prend sa place à côté des grands cinéastes fauchés new-yorkais (les premiers Scorsese surtout). Fauché, le film l'est assurément, mais le cinéaste parvient à faire de ce handicap une qualité, grâce à un travail sur l'image impeccable : le film est en super-8 gonflé en 35, et la photo y gagne ce grain très repéré des films indépendants pure souche. Du coup, New-York est magnifiquement rendu, crasseuse, sombre, nocturne. La mise en scène ajoute encore à cet aspect, la caméra très mouvante sans ostentation semblant chopper presque par hasard ces personnages sortis de l'ombre et ce petit monde interlope des boîtes de nuit glauques et des chambres d'hôtel minables.

On dirait souvent un documentaire sur la ville, comme l'étaient d'ailleurs les Scorsese des débuts, un film capté dans l'urgence et dans l'improvisation. Cadrages faussement hésitants, mépris de la finition, on touche aussi à une inspiration cassavetienne dans cette façon de tenter un cinéma direct, très proche de ses 69198876_ph2_w434_h_q80personnages, privilégiant la vie à la beauté des cadres. Nadjari adjoint en plus à son histoire sombre un beau regard sur la communauté juive : les traditions sont observées dans tout leur protocole, aussi sclérosantes que chaleureuses. Petit à petit, entre ce monde souterrain qu'il ne comprend pas et cette pression religieuse, le personnage se retrouve enfermé dans une spirale qui le dépasse, et sa descente aux enfers en est d'autant plus inexorable. C'est l'histoire classique d'un petit mec qui met le doigt dans le mauvais engrenage, tombant amoureux d'une call-girl, jouant avec des armes à feu qui ne sont assurément pas de son niveau, s'endettant petit à petit jusqu'au drame. Dans l'effort pour tenter de comprendre l'assassinat de son frère, Abe s'enfonce progressivement dans le noir, et Nadjari reste au plus près de son acteur (très bon, très étrange) pour rendre compte de cette déchéance d'un homme ordinaire en milieu urbain hostile. Entre hommage aux maîtres et vraie personnalité, Nadjari réussit un bel objet modeste et tendu.

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