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Shangols
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4 mars 2009

Slumdog Millionaire de Danny Boyle - 2009

19011475_w434_h_q80On aurait pu espérer que le tâcheron Danny Boyle modèrerait son "style" à l'occasion de ce passage vers un autre pays (l'Inde), et qu'il se permettrait moins de faire son gros malin vu le changement de registre (on est dans un mélodrame qui s'appuie sur l'histoire récente de la misère dans les bidonvilles de Bombay, pas de quoi s'éclater). Naïfs que nous étions : bien loin de remettre en question son immonde goût pour la mise en scène clicheteuse, Slumdog Millionaire est presque au contraire une surenchère d'effets gratuits, qui feraient presque passer les autres films de Boyle pour une ascèse.

Qu'il filme en Inde ou ailleurs, Boyle n'en a rien à foutre : ce qu'il veut, c'est rentabiliser ses beaux filtres jaunes et rouges tout neufs, essayer les boutons de sa nouvelle caméra, et draguer quelques gorettes en se la pêtant sévère. Le film est un éternel moment boursouflé de suffisance formelle, où aucun plan n'est sincère, où chaque séquence tente d'en rajouter un peu plus dans un feu d'artifice totalement injustifié. A quoi servent 18987387_w434_h_q80ces plans tordus, ces effets sonores tonitruants, ce grain de photo cradouille, cette mise en scène hystérique qui ne sait jamais s'arrêter et filmer simplement ? On ne le saura pas, le seul but ultime étant de nous en foutre plein les mirettes pour nous faire croire à un style. On trouvera plus de sincérité dans un clip de Madonna que dans ce film de malin sans cerveau : à force de crâner, Boyle finit par devenir douteux, se servant de la misère de son petit héros pour nous resservir sa soupe pubesque, se moquant comme de l'an 40 de l'univers qu'il décrit. Son cinéma est l'équivalent de la malbouffe : mondialisé, tout-puissant et dangereusement efficace (les gens adorent le film, visiblement). Le fait qu'il ait fait parler ses acteurs en anglais (mais avec l'accent indien) en dit long sur l'intérêt qu'il porte au pays qu'il filme.

18987385_w434_h_q80A ce compte-là, peu importe ce que Slumdog Millionaire raconte, me direz-vous. Je confirme, d'autant qu'il raconte à peu près rien, une histoire cousue de fil blanc parfaitement somnifère. On sait dès les premières secondes comment tout ça va évoluer, et on attend la fin en essayant de calmer la migraine dûe aux images en rafale qui nous arrivent dans la tronche. C'est bien entendu mal joué, mal écrit, mal pensé, sans aucune surprise et roublard comme pas possible (la fine allusion au style Bollywood sur le générique de fin est un comble de culot, comme si, une fois le ravage fait, Boyle laissait ses comédiens faire joujou). Du cinéma qui ne se contente pas d'être inregardable : nauséabond mais fier de lui.  (Gols 16/02/09)


On n'est pas toujours d'accord avec l'ami Gols sur les films qu'on aime, on se rejoint en tout cas totalement sur ceux qu'on déteste... Slumdaube Millionnaire donc : le rêve américain (toi aussi, pauvre, dans ton pays le succès est possible, grâce à ces jeux exportés d'une intelligence rare) transposé en Inde et réalisé par un Anglais, c'est le début d'un cinéma néo-mondialiste tout aussi pervers que l'appellation le laisse entendre. Boyle parvient à donner des couleurs chatoyantes aux monceaux d'ordures, à rendre même l'odeur de la slumdog_millionnaire_Postermerde drôle... Quand il tente le moindre clin d'oeil cinématographique (le grand frère mafieux qui se prend pour Scarface, le petit frère qui lorgne une danseuse par un trou dans un mur - ou comment massacrer la plus belle scène d'Il était une fois en Amérique), c'est toujours poussif, quand il balance de la musique (pauvre M.I.A.), c'est automatiquement pour nous servir un clip MTV. Sans souligner à nouveau tous les défauts que cite Gols, il faut reconnaître que le scénario, qui tend à chaque fois d'expliquer comment notre gars est capable de répondre à chaque question (un ordre qui suit celui de sa vie, cool) est d'une débilité profonde - l'Empirisme peut prévaloir sur l'Education, on doit pas vivre avec Boyle sur la même planète... C'est grosso-modo comment faire croire que la culture MacDo serait une forme de culture tout aussi digne. Jean-Pierre Foucault s'est fait pousser la barbe mais son air dégoulinant parvient toujours à se couler parfaitement dans ce film qui suinte par toutes les pores. Danny Boyle prend, en plus, son spectateur pour le dernier des demeurés en lui imposant des flash-back pour rappeler des trucs qu'il a vus à peine 5 minutes ou 30 plus tôt (la lettre B dans la glace, l'histoire des trois mousquetaires)... C'est sûrement pour ceux qui partiraient pisser au milieu du film, ou qui zapperaient en le regardant à la télé, voire qui s'endormiraient. Ou bien alors qui sont vraiment trop cons et ce serait vraiment dommage qu'ils passent à côté des subtilités de la trame. C'est consternant mais cela donne au moins envie de revoir, dans la foulée, Salaam Bombay, histoire de continuer à croire encore au cinéma...  (Shang 04/03/09)

Commentaires
X
Ouai, mais elle a plus de "records" que le KGB. Et ça, c'est la classe.
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G
"All I wanna do is (poum poum poum poum) and (click'ting!)and take your money". Trouverais-tu le texte trop superficiel, ami B**t**n ?
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B
la chanson de M.I.A que vous aimez... elle est comme le film de Boyle que vous n'aimez pas...<br /> <br /> Et moi je vous aime quand meme...
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G
Alors finalement, on est complètement d'accord : c'est fait par un tacheron, c'est clipesque, cliché, ça fout des hauts-le-coeur. C'est juste que nous on considère ça comme des défauts, eheh !<br /> Merci pour tes mots, Xavier. Je me dis qu'heureusement que ce blog ne critique pas la musique, parce que sinon on serait pas vraiment d'accord.<br /> Ton écriture dynamique et tes louanges à nous adressées seront toujours les bienvenues. Et même les différences d'opinion. Keep the pressure et let there be rock.
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X
Oui, venons-en brièvement. Sachant pertinemment que je vais me faire démonter par vous deux en tentant désespérément de parler du film -en bien il est vrai-, je m'abstiendrai donc. En revanche je suis plutôt d'accord avec les points négatifs énoncés dans ces colonnes, mais malgré tout, rien qui ne m'a paru réellement douteux. On sait tous que Danny Boyle est un tâcheron en dehors du génial Trainspotting (point chroniqué ici-même? Allons, au travail les gars!) -et évidemment de cet autre génial Slumdog. Pourquoi génial? En ayant laissé mon esprit critique de côté -et encore, depuis quelques années c'est assez dur-, j'avoue avoir pris un pied d'enfer au rythme des images tordues, pleines de couleur et d'acidité, de la musique inégale mais trippante, en fait j'avoue avoir pris du plaisir devant un clip de 2h, ce qui est assez rare puisque je déteste en temps normal ce genre de procédé. Mais en acceptant la guimauve, les clichés, les haut-le-cœur visuels (à croire que le chef op de Fukasaku est passé par là tant certains cadres sont tordus à l'extrême) et le panache d'enfer du film dans son ensemble, j'ai jouis dans mes popcorn*!<br /> <br /> * pourtant de mémoire, je n'avais pas pris de popcorn ce soir là. Qu'était-ce donc alors *_*?<br /> <br /> Plus sérieusement, ça faisait un bail que je n'avais pas autant trippé devant un film -genre séance façon concert de rock, ACDC le 27 février dans les rétros, on tape du pied et on headbang gentiment...oups, on va découvrir qui je suis!- et le moins que l'on puisse dire c'est que ça fait parfois plaisir, surtout après avoir maté un peu avant Dream de Kim Ki-Duk. Contraste assuré mes enfants!<br /> <br /> Bon, je vous attends au tournant avec La Plage. Non je déconne.<br /> <br /> PS : "foutre des mandales à en décorner un gnou" est sûrement l'expression la plus drôle que j'ai pu voir dans une critique de film (internet, papier), avec "encore et toujours, chez Kurosawa, le degré zéro du regard, la prostitution totale à un totalitarisme cinématographique importé, font de lui un escalve - ou un clown, cela dépend du film". Rien que pour ça, je vous remercie.
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