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1 mars 2009

Les Noces Rebelles (Revolutionary Road) de Sam Mendes - 2009

2008_revolutionary_road_006Nouveau naufrage pour le couple du Titanic, moins glamour celui-là. Les voilà aux prises avec la crise du couple : 11 ans plus tard, les deux tourtereaux sont trentenaires, et sont victimes de l'embourgeoisement de leur vie. Petite maison proprette dans un quartier résidentiel, 2 gosses trognons, un boulot bien payé pour lui, des amis politiquement corrects : c'est l'horreur. Quand ils décident de tout laisser tomber pour aller se la couler douce à Paris, ils croient un instant que leur couple est sauvé ; c'est sans compter sur cette chienne de vie qui annule tout espoir de liberté, et ils vont s'enfoncer dans le drame. Voilà pour l'histoire.

On pourrait s'attendre à un scénario à l'eau de rose, avec mines apitoyées des acteurs et dialogues issus de Marie-Claire. Ne nous le cachons pas : c'est parfois ça, et Revolutionary_RoadMendes peine quand même à rendre vraiment profonde cette trame rétro. Scènes obligées franchement lourdes, musique sirupeuse, personnages secondaires ne servant que de faire-valoir un peu pénibles (Kathy Bates en caricature de bourgeoise), photo de papier glacé (même si je comprends que c'était difficile d'en proposer une autre sur un tel sujet) : tout n'est pas réussi, et on a souvent l'impression d'avoir vu ce "style" déjà 11000 fois et en mieux. Mendes veut faire du mélodrame, et a sagement pris des notes en revoyant les films de Sirk ou de Minnelli, et on lui en veut un peu de ne pas chercher plus loin.

Mais... au bout du compte, on est capté par cette histoire à la Raymond Carver, qui vient creuser au scalpel dans le quotidien fade d'un couple fade de cette fade société de consommation basique. Un charme indéniable ressort de nombreuses scènes, grâce à une assez délicate façon de regarder ces acteurs. Mendes est visiblement envahi par une grande empathie envers les deux zigottos aux prises avec leur soif de jeunesse, et si le scénario, très amer, ferme la porte à tous leurs revolutionary_road_3espoirs, il contemple le désastre avec une vraie tristesse. C'est un film d'acteurs, et le fait est que Mendes sait ce que c'est qu'un acteur. Très attentif au travail de ceux-ci, notamment Winslet qui donne une composition fine et profonde, il cadre toujours pour les mettre en valeur : beau plan notamment qui suit une scène très tendue, et où la caméra fait la mise au point sur elle au premier plan tandis que Di Caprio, en proie aux tourments est flouté ; faire le focus sur celui qui intériorise plutôt que sur celui qui réagit, ça n'a l'air de rien, mais c'est subtil. Les longs dialogues entre les deux stars sont vraiment bien joués (à l'exception des scènes de dispute, où Di Caprio surjoue et semble vraiment perdu), chacun sachant poser des regards ou dévoiler une gène par de fines variations de jeu. C'était pas gagné, mais ils sont tous les deux très crédibles en petits personnages sans ampleur, en couple lambda : Di Caprio montre là une nouvelle facette de son travail, loin du glamour de ses films récents.

LES_NOCES_REBELLES_REVOLUTIONARY_ROAD_2007_diaporama_portraitMendes va d'ailleurs parfois assez loin dans la "dé-romantisation" de ce duo mythique : il y a surtout une scène très marrante où il refilme de l'intérieur de la voiture la fameuse scène de cul de Titanic (la main qui se plaque sur la vitre) ; mais elle est ici d'une trivialité totale, complètement privée de romantisme, comme un contre-champ réaliste au sentimentalisme de celle de Cameron. Mendes enregistre tout simplement le vieillissement de ses acteurs, et réalise finalement un film assez brutal sur le sujet. Pour un cinéaste aussi fade jusqu'à maintenant, ça vaut un satisfecit.

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