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26 février 2009

Anything Else de Woody Allen - 2003

anything_else_bd_4Emouvant petit film, qui ne figure certainement pas dans les grandes réussites de Woody, mais qui possède un charme délicieux. On se coule dans cette élégance et dans ce romantisme touchant avec plaisir, on regarde des acteurs attachants se donner la réplique, on constate que le jeu de Woody est toujours aussi précieux, et on se laisse aller sans trop de questions.

Même si ce n'est qu'à moitié réussi (une histoire un peu floue, une sensation de déjà-vu, quelques scènes assez inutiles, des longueurs...), Anything Else possède quand même quelques particularités qu'on n'attendait pas chez Woody, et qui remportent le morceau. L'aspect le plus attachant, c'est la thématique du passage de relais que le scénario traite avec beaucoup de tendresse : on assiste aux relations entre un jeune écrivain et un vieux de la vieille qui lui donne des conseils, qui tente de le guider dans la vie. Au-delà de la trame, on se rend vite compte que Woody joue son propre rôle, et qu'il va anything_elses'évertuer au cours du film à transmettre ses idées au jeune acteur qu'est Jason Biggs. Transmission non seulement de son humour (quelques vannes allenissimes) et de sa philosophie, mais aussi des hantises qui ont toujours accompagné son personnage (qui virent ici à une paranoïa aigue). C'est magnifique de regarder cet héritage se faire en direct, et Biggs est superbe quand on le voit, petit à petit, adopter le tics gestuels de son mentor (cette façon de rester face caméra alors qu'un autre personnage lui parle, et de traduire ses sentiments par des gags physiques joués uniquement pour le spectateur). Conscient d'être en fin de carrière peut-être, Woody semble signer avec ce film un testament, mais un testament qu'il laisse dans la sérénité, qu'il transmet à la jeune génération d'acteurs.

Sans_titreLe personnage interprété par Woody est beaucoup plus tourmenté que dans la plupart de ses autres films. Ses névroses, ici poussées à l'excès, débouchent sur une vision de la vie nihiliste qu'on n'attendait pas chez lui. Ses habituelles vannes sur son judaïsme virent ici à une série de sorties de moins en moins drôles, de plus en plus inquiétantes : Dobel est obnubilé par la Shoah, persuadé que les nazis sont encore dans les parages et qu'ils vont recommencer. Il n'y a plus cette façon légère de se moquer des atavismes de sa religion, et le personnage devient étonnamment sombre au fur et à mesure du film. Toujours sur le fil, Woody se construit des dialogues assez renversants, capables de balancer un bon vieux gag sur les Juifs et dans la phrase suivante de redevenir très sérieux. Un ton inhabituel chez le bougre. Même si le film reste d'une belle légèreté, on sent un Woody préoccupé, plein de doutes, et plus tellement enclin à la rigolade.

Pour contrebalancer cette relation troublante (et assez mal gérée d'ailleurs, le couple Biggs/Allen étant peut-être trop improbable pour vraiment fonctionner), il y a la partie comédie romantique, dans laquelle Woody est anything_else_bd_1_posterbien sûr particulièrement à l'aise. Toujours aussi bien photographiée (des couleurs d'une superbe élégance, des décors magnifiques, des costumes fins et inspirés), cette partie repose beaucoup sur le personnage joué par Christina Ricci. Pas vraiment allenienne à priori, elle se sort très bien de ce personnage de bombe sexuelle ("Ses hormones pourraient servir d'arme chimique au Pentagone") hystérique et insupportable, et pour le coup ses scènes avec Biggs sont d'une complicité évidente. Grâce à elle (qu'on peut voir comme une première tentative de Woody pour sexuer ses films, comme une première étape vers Scarlett Johansson), on a droit à une des premières scènes de cul direct dans le cinéma allenien : le gars avoue enfin ses fantasmes et ne se prive pas pour regarder ce corps sous toutes ses coutures.

Pour le reste, c'est très agréable, délicieusement vieillot, drôle et plaisant comme une petite brise. Un Woody sous-estimé en tout cas, qui, malgré ses défauts, reste dans les très bons moments du gars.

Tout sur Woody sans oser le demander : clique

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