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Shangols
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18 février 2009

Le Mépris (1963) de Jean-Luc Godard

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Mythique, tragique, godardique. Jamais la mer n'a été aussi bleue, les robes de chambres aussi rouges, Brigitte Bardot aussi blonde. "Le Mépris est un film simple et sans mystère, film aristotélicien, débarrassé des apparences, Le Mépris prouve en 149 plans que, dans le cinéma comme dans la vie, il n'y a rien de secret, rien à élucider, il n'y a qu'à vivre et à filmer". Sacré Jean-Luc. Cette oeuvre, cette trahison, ce déchirement m'emplissent, paradoxalement, toujours d'une sérénité impalpable, comme une foi renouvelée à chaque fois en la magie du cinéma. La musique de Delerue peut s'écouter en boucle, les images de Coutard touchent à l'absolu chromatique (ça veut pas dire grand-chose mais je m'entends), ce film de Godard semble être tout simplement touché par la grâce. Le reste n'est vraiment que littérature, une odyssée voire, alors qu'en 149 plans (176 me soufflent les pointilleux) on assiste à l'une des plus belles séparations amoureuses du monde.

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"Tu préfères mes seins ou la pointe de mes seins? / C'est pââreil." Après le générique de cinéma le plus limpide du siècle, après ce plan qui se conclue avec une caméra qui se pose comme jamais sur le spectateur, on a déjà droit à une séquence d'anthologie entre le Corps dénudé et passif de la Bardot et la Voix railleuse et rocailleuse du Piccoli. Il suffira ensuite d'une parole malheureuse, d'une seconde d'inattention, d'un geste malencontreux - Piccoli qui laisse B.B. monter dans la voiture du producteur pour rentrer dans les bonnes grâces de ce dernier - pour que leur relation déraille. Après il sera déjà trop tard. Je ne me rappelais pas à quel point s'étalait toute cette séquence dans l'appartement qui cristallise ce déchirement dans leur rapport. C'est un ballet incessant entre un Piccoli qui ne cesse d'aller et venir et une Bardot boudeuse, furieuse mais déterminée. Chaque pilier, chaque mur de la bâtisse semble symboliser le monde, l'espace qu'il y a désormais entre eux, chaque lampe, même, devient un objet qui stigmatise leur séparation aussi bien spirituellement que physiquement. Rarement Godard n'est parvenu à un tel art pour illustrer cette dissension entre un homme et une femme, pour mettre en scène la moindre petite phrase qui traduit ce clash in progress - le film se passe en quatre langues, j'ai le droit aussi de faire le mariole...

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Un producteur qui joue au dictateur (Jack Palance qui passe son temps à dégainer son petit pouvoir, sur sa compagne, sur ses "employés"), un metteur en scène empli d'une grande sagesse (Fritz Lang paisible et tranquille comme une statue) et un couple qui continue de jouer au chat et à la souris alors que la mise est déjà perdue. Dans cette villa sublime de bord de mer, dans cette pièce qui finit par faire terriblement penser à un aquarium, leur amour semble, plus que jamais, manquer d'oxygène. Piccoli se donne encore des airs, le postérieur de Bardot prend, lui, une dernière fois l'air mais sentimentalement c'est déjà le désert (bon je crois qu'il est temps d'arrêter mes délires, on est d'accord). Godard, par ce simple film, entre, malgré lui,  au panthéon des cinéastes, un culte auquel il tentera toujours d'échapper - mais on n'échappe point à son destin. Quelques photos très plastiques de la Bardot, pour la route, juste pour rendre hommage à l'intelligence de son corps, aux formes de son âme, à la beauté fantasmagorique de ce film plus rêvé que réalisé... 

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God-Art, le culte : clique

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Commentaires
A
"Le mépris" (celui du spectateur - est un monument de prétention et d'ennui. Pas une nanoseconde de cinéma dans ce pensum ridicule que, pourtant, tant de monde fait semblant d'aimer.<br /> <br /> La sublimissime musique de Georges Delerue est plaquée sur des plans insignifiants et est gâchée.<br /> <br /> "Le Mépris", ça s'écoute sur la BO mais éteignez les images, toutes inutiles, ne le regardez pas, c'est du temps perdu.
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N
Ah bah là par exemple, à Moroni je serais déjà en train de me lever pour préparer la première fournée !
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S
C'est drôle quand même ces messages qu'on "post" en direct il y a deux heures... Trop décalé, qu'on est, la boulange.
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C
I feel your pain.
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S
Claude, envoie-moi un mille-feuilles aux Comores et après je te reparle. Le Mépris c'est juste.... ouaaaah. So disdainful from a baker around a switzerland corner, n'est-il?
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