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11 février 2009

LIVRE : La Reine des Pommes (For Love of Imabelle) de Chester Himes - 1957

la_reine_des_pommesExcellent petit polar, très noir dans tous les sens du sens et absolument jouissif. Himes semble connaître comme sa poche le quartier de Harlem : il lui suffit souvent d'un coup de stylo pour décrire précisément un lieu, d'un coup de crayon pour caractériser un personnage et nous voilà embarqués dans une histoire qui file à tombeau ouvert (c'est exactement l'expression). Il est question d'une fameuse malle soi disant remplie de pépite d'or et d'une bande d'entourloupeurs qui vendent des actions pour exploiter cette mine : sur leurs traces un type un peu naïf dont les yeux brillent autant pour les pépites que pour une pépète, Imabelle, mouillée jusqu'au cou dans l'affaire, son frère, bedonnant, qui sillonne le quartier déguisé en bonne soeur et qui, entre deux piquouses, est obnubilé par la caillasse et enfin deux flicards du coin, les fameux Ed Cercueil et Fossoyeur aux méthodes, euh, comment dire, brutales, c'est ça. On a droit à une descente dans un baraquement où tout ce petit monde se fout sur la gueule, un vrai moment d'anthologie, ainsi qu'à une traversée de Harlem avec un corbillard chargé de cadavres qui mérite définitivement le détour - cinématographiquement parlant, on visualise parfaitement tout le génie du bazar (l'adaptation A Rage in Harlem de Bill Duke, qui date de 1991, a l'air malheureusement d'être une vraie bouse): "Les roues étroites du corbillard étaient montées sur le trottoir, labourant des cageots de légumes, et faisant pleuvoir sur les hommes saisis de panique et sur les vitrines des magasins une averse de choux broyés, d'épinard hachés, de pommes de terre déchiquetées et de bananes éclatées. Les oignons fusaient dans l'air comme des boulets de canon". Une enquête, parsemée de corps littéralement explosés, rondement menée (les armes sont en effet variées et causent généralement de vrais dommages à la santé), des personnages - du prêtre à la tenancière de bordel - toujours sur le fil du rasoir, c'est du polar hard-boiled, noir comme du jus de chique, comme on les affectionne. La suite c'est pour bientôt.    

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