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2 février 2009

The Wall d'Alan Parker - 1982

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On a les références de jeunesse qu'on peut : chez certains, c'est Hal Hartley (ça va, j'arrête, j'arrête), chez d'autres c'est The Wall. Tout aussi honteux ? Sûrement, puisque The Wall est une sorte de long clip maniériste réalisé par le chichiteux Alan Parker, auteur de quelques-unes des plus sombres pages du cinéma des années 80. Mais qu'est-ce que vous voulez ? On ne se refait pas, et cette millième vision n'infirmera pas la tendance : j'adore The Wall, et pis c'est tout.

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Même si l'album n'est pas ce que les Floyd ont fait de mieux, même si le film est trop long de 20 minutes, même si tout ça a pris de l'âge, l'essentiel reste intact : on est là dans le pur rock'n roll, celui qui vous fait frémir des pieds à la tête et fomenter en votre for intérieur une révolution sanglante. Parker, et Waters au scénario, surtout, ne s'embarrassent pas de subtilité : on fait dans le premier degré frontal, condition sine qua non de tout bon film musical qui se respecte. On suit donc les errances intérieures d'un chanteur de rock qui semble avoir érigé un mur entre lui et le monde. Les fautifs sont montrés du doigt sans pincettes et ils sont nombreux : l'éducation rigide, la guerre, la bourgeoisie, la justice, le sexe, la misère amoureuse, bref tout ce qui sclérose l'existence. Sur les stridences géniales des Pink Floyd, le film dresse un maelström de formes tendant à fustiger une société toute pourrite qui étouffe dans l'oeuf la moindre vélléité de poésie ou de personnalité. C'est peu de dire que c'est efficace : on en prend plein la face, dans un discours direct et net qui fait merveille.

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Lycéens passés à la moulinette, discours fascistes, amants qui se dévorent, juges transformés en ver de terre, professeurs brimés par leurs femmes, le défilé est sidérant de frontalité, épousant parfaitement les textes très simples et les musiques romantiques à mort des chansons. On bondit sur son siège, désireux comme le personnage d'en découdre avec cette société qu'on nous montre dans son plus simple appareil : rongée par l'horreur. Délicieusement ironique, anti-social sans perdre son sang-froid, Parker sait se faire très touchant à certains moments, presque punk à d'autres, et montre une profonde compréhension de cette musique rock diffusée hic et nunc : on lit, à travers ces vignettes révolutionnaires, la montée du régime thatcherien et la crainte d'une société fascisante. 25 ans après, on ne peut que constater : tout est exact. The Wall est THE film rock des années 80, celui qui enregistre la mutation d'une musique asservie à un monde qui va bientôt l'anéantir : à l'instar des Floyd, dont cet album a marqué une transformation nette, quelque chose change dans la société occidentale aisée, et le film ne parle que de ça. Qu'il enregistre en plus les effets des drogues, les métamorphoses d'un cinéma hybride (mélange de desssins animés, d'images réelles, de fiction, de délires) et l'énergie de la musique, n'est pas rien.

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C'est peut-être trop illustratif, bourré de défauts dans les poses assez crâneuses, trop impressionnant à tout prix, bordélique et fumeux ; mais c'est aussi dopant à mort, ça donne envie de se réveiller et d'envoyer le DVD à Sarko pour lui botter définitivement le cul, ça donne envie d'être jeune et d'y croire encore. Et puis ça m'a rappelé ma jeunesse (ou renvoyée à la gueule, c'est selon). Tous en choeur : "Does anybody here remember Vera Lynn ?"

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