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20 janvier 2009

Les Aventures de Robinson Crusoe (Aventuras de Robinson Crusoe) (1954) de Luis Buñuel

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C'est une histoire on ne peut plus classique que Buñuel filme avec une explosion de couleurs : l'arrivée de notre Robinson qui échoue comme une mouette mazoutée sur une plage de sable noir, la récupération de tout plein de trucs dans les restes du bateau, sa période "Sébastien Tellier" (dur la solitude, heureusement il y a les animaux), puis "peau de bique" (hippie avant l'heure) et enfin "Moïse" avec son pote Vendredi. Lorsque les cannibales débarquent ou que les blancs font enfin leur apparition après 28 ans sur sa chienne d'île, Robinson est excité comme une puce et Buñuel tente à grand renfort de musique de faire monter la pression: mouais, on transpire à Robinson_Crusoe__1_peine. Le cinéaste émaille néanmoins son récit de quelques allusions religieuses, sexuelles voire fantasmagoriques qui font leur petit effet : la croix que transporte Robinson qui se transforme en épouvantail, sa discussion sur la Bible avec Vendredi qui se clôt dans un énorme éclat de rire; Robinson, période Chabal, qui fait de la poterie (une image hautement masturbatoire, si je peux me permettre, que l'on retrouve d'ailleurs dans Archibald de La Cruz), Vendredi qui se glisse dans une robe rose ridicule provoquant la colère du Robinson qui n'a po un poil d'érection; la vision cauchemardesque de son père qui se moque cruellement de notre pauvre Robinson atteint d'une bonne petite fièvre, l'énigme gentiment absurde de sa chatte qui fait des bébés sans avoir de mâle... Autant de petits éléments qui viennent donner un peu de fond à l'histoire de cet homme qui tente de dompter la nature. Buñuel, d'ailleurs, n'y va pas de main morte pour entourer notre Robinson d'un maximum d'animaux; il tente même, l'enfoiré, de nous tirer une larme lors de la mort ultra pathétique de Rex, le chien du Crusoë, mais j'ai tenu bon - les aboiements du chien, d'ailleurs, finiront par résonner alors que Robinson quitte l'île, abandonnant pour de bon son fidèle compagnon. Les rapports de maître à esclave - Robinson allant, un moment, jusqu'à attacher Vendredi, po bien - dérive doucement vers un rapport à la coule, la confiance et la prise de conscience des méthodes barbares faisant son chemin dans l'esprit lent du Robin. Bien qu'il ait la Bible sous la main, on peut pas dire qu'il y puise un grand secours : il tente plutôt de trouver un certain réconfort en écoutant le propre écho de sa voix (comme pour suppléer à la voix de Dieu, bougrement muette) avant d'errer comme une âme en peine sur le rivage de la mer ("Il n'y a personne là-haut" disait le Gégé, lucide); il a ses petits moments de doute - c'est normal 28 ans sans un putain de film sous la main - mais il n'est pas non plus du genre dépressif, combattant acharné jusqu'au bout, plein de dignité (en dehors de ses costumes primitifs signés Jean-Paul Gaultier sous acide). Je suis un peu plus dubitatif sur ces méthodes d'enseignement de l'anglais avec Vendredi mais c'est juste pour dire. Bon, une mouture plaisante, où Buñuel tente, peut-être d'ailleurs un peu trop discrètement, de glisser sa papatte.

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