Le dernier film de Federico est à peu près une catastrophe. On est même tout tristes de constater comment, en ses vieux jours, son système se met subitement à tourner en rond : le gars pédale méchamment dans la semoule, se contentant de remettre en scène ses éternels plans remplis de figurants et ses délires visuels, mais sans profondeur, sans envie, sans nécessité. Abandonnant toute trame cette fois-ci (virage déjà amorcé avec les bien plus beaux Ginger et Fred et Intervista), il se contente d'un voyage à travers ses motifs et ses fantasmes habituels, sans lien, et même sans rien à raconter de précis. La Voce della Luna a les aspects d'un catalogue sur papier glacé, où on verrait, mise à plat, une sorte de compilation du maestro : femmes à la poitrine fournie, grands tableaux urbains, curés ridicules, folklore italien dopé aux couleurs criardes, poésie populaire, tronches de travers (Sim !)... Les pérégrinations de ce petit personnage naïf et légèrement attardé (campé par un Benigni qui ne se force pas beaucoup) ne donnent lieu qu'à des tableaux sans sens, qui passent du coq à l'âne avec application, et qui justifient laborieusement un budget colossal avec des décors fellinissimes
qui ont perdu toute saveur : immenses reconstitutions de ciel nocturne, indigeste boîte de nuit (à la limite du réactionnaire, la musique sauvage de Michael Jackson étant opposée à la beauté éternelle d'une valse de Strauss), petites rues romaines pleines de fracas, et j'en passe. Fellini retente le coup du cinéma populaire et impur qui a fait sa gloire : il ne parvient qu'à un populisme qui se mord la queue et qui, à force d'archétypes, ne prouve que l'absence d'inspiration d'un cinéaste qui n'a plus rien à dire. On est perdus, affligés devant l'indigence de la plupart des scènes, et on se raccroche vaille que vaille à quelques mignons éléments qui restent comme des traces du génie passé : quelques scènes plus intimes (celles de Sim, justement) ou un auto-portrait plutôt touchant où Fellini se déclare tout de go atteint par une douce folie qui n'est plus de ce siècle. A part ça, on soupire d'ennui.
16 janvier 2009
La Voce della Luna de Federico Fellini - 1990
Commentaires sur La Voce della Luna de Federico Fellini - 1990
- lolcritiquer ainsi celui qui a fait rêver mais aussi impressionner voire donner des complexes à des géants tels que jo losey, wilder, a kurosawa, jarmush, guilian, woody allen ou encore altman ... j' ai failli rigoler de votre pseudo article ou je ne sais quoi, enfin, c ' est plus affligeant qu autre chose , d où lo lol, courage!
- féderation federicoBah on a assez dit de bien de Fellini dans ce blog pour de temps en temps pouvoir se permettre d'en dire du mal, surtout quand il s'agit, comme ici, d'un film nazouille. Les statues sont faites pour être déboulonnées, même avec nos petits outils que je veux bien reconnaître dérisoires, ami Kabirio.
Vous êtes bien en forme, en tout cas, vu vos commentaires lapidaires. - Commentaire/EssaiS' agissant d' un Artiste de la dimension de Féfé, croyez-moi on ne parle plus de commentaires mais de Véritables Essais.
Quant à moi, j' écris çà et là un peu ma Vision à propos des Grandes Oeuvres de l' Histoire de l' Art, dont Féfé en fait partie, c 'est évident.
Mais là du coup les éditer sur le Net, je n' en ai pas le courage ou l' audace. L' idée seule de parler d' un film de Féfé me fait littéralement rougir. De honte, d' égard ou encore d' embarras.
Sinon ,je peux de mémoire vous citer des commentaires/impressions et/ou hommages de monstres sacrés du 7ème Art :
" Cinéma ton prénom est Fédérico " ( Billy Wlder )
" Moi j' aime Fellini " ( Orson Welles )
" Notre Fellini est un Génie " ( Pasolini )
" Les Films de Fellini sont parfaits " ( Fassbinder )
" Fellini est un Maître " ( Paradjanov )
" Je voyais ses films à l époque mais je ne me sentais pas concerné, avec les années et l expérience je me suis ecrié " Dieu! Mais ce fut un Génie " ( Woody Allen )
" Fellini est un Géant " ( King Vidor )
" Je veux rencontrer celui qui a réalisé ce film " ( Chaplin après la projection de LA STRADA et il aurait également ajouté " Giuliettà Masina est la plus grande Actrice du Monde " ... ah! comme cela a réjoui notre Masina Chérie )
" Fellini me fait pitié , le public ne le connait pas tel qu' il est " ( Tarkovsky )
" Ce que j' aime chez Fellini , c' est lui d ' entre nous tous, qui est resté le plus proche de l
état d' enfance " ( François Truffaut )
" Fellini est le plus grand cinéaste du monde "
( Bunuel après 8 1/2 , au téléphone avec un Glauber Rocha alors " anti-féfé " , il n ' en croyait pas ses oreilles mdr )
Et un petit dernier de l' Immense Akira Kurosawa
à qui on avait demandé bien des années aprés la raison pour laquelle il ne s' est pas rendu à Rome où il était attendu pour un film en 3 parties en compagnie dé Féfé et Ingmar Bergman :
" J' étais timide, Fellini et Bergman étaient beaucoup trop grand pour moi "
J'en ai pleuré tant cela respire l' humilité et la reconnaissance d' un cinéaste de génie pour ses pairs. ( " Akira Kurosawa est un Génie " Fellini )
On termine tranquille avec Féfé lui-même :
" Je fais des films et les critiques m' expliquent ce que j' ai fait "
Excellent! lol
Ciao Féfé ti amo
Il y a quelque chose qui fait que quand elle vous touche, effleure ou habite, elle vous fait voir des choses que vous jugiez inintéressants, baclés voire laids.
Elle est l essence de tout Art.
J' ai nommé la Poésie.
Et "la voce della luna " n' est pas un film manqué ou malade, c 'est un poème un chef d oeuvre
Enfin c' est comme j' aime à dire dans les forums consacrés à l equipement hifhi de haut de gamme, ce n' est pas de denon , harman kardon ou jamo dont il est qu il faut s acheter des oreilles.
Idem si on ne voit pas , si on ne sent pas, à q uoi tergiverser.
Pialat disait " il faudrait parler de maçon à maçon " Interrogeons l histoire , les dits des cinéastes, poètes ou peintres, je suis certain que féfé tient une place à part.
Cela dit j' adore votre site, je me nourris régulièrement d' articles de cinéphiles, comme tous, j' en ai appris mais Fellini ... c est Fellini
Nouveau commentaire
Je crois que dans ce film, il faut voir un Fellini en fin de vie qui après avoir constaté sa défaite face à l'empire berlusconien (belle séquence où la lune est capturé, où les médias retransmettent sans vergogne l'évenement et où le professeur conclura en disant : "nous sommes un peuple de cons" se réfugie dans la nostalgie et livre cette phrase en guise d'épitaphe : "si on faisait tous un peu de silence on comprendrait peut être quelque chose".
C'est tout simplemernt la fin du monde fellinien, le spectacle est finit, une page se tourne. Voila. Snif !