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13 janvier 2009

Un, Deux, Trois (One, Two, Three) de Billy Wilder - 1961

seite07

Impression un peu pénible à la vision de cette comédie survoltée : celle que Wilder a fait son temps, et que le génie du rythme de jadis se confond ici avec une hystérie assez pénible. Comme si le grand Billy voulait prouver à tout le monde, et aussi se prouver, qu'il est le maître incontesté de la folie comique, mais qu'il n'avait plus l'énergie pour le faire. One, Two, Three n'ajoute rien à la gloire du grand Wilder, et laisse un goût amer.

Par moments, quelques petites choses excellentes ressurgissent : des dialogues toujours finement ciselés, un regard on ne peut plus acerbe sur le monde moderne, le sens des détails et cette façon d'utiliser le moindre petit élément (ici, un coucou, une robe à pois) pour créer une multitude de gags. La critique politique est virulente, et on pourrait sans problème qualifier le film de propagandiste si Wilder ne mettait son point d'honneur à renvoyer tout le monde dos à dos. Si le regard sur le communisme est d'un caricatural total, celui sur le capitalisme américain ne l'est pas moins, et finalement on applaudit à deux mains devant ces clichés traités en sources de gags intarissables. Il y a là-dedans de petites répliques hyper-caustiques qui font franchement onetwothreegrincer des dents ("En Amérique, si un missile est défectueux, il y a un bouton pour détruire le missile ; en Russie, c'est beaucoup mieux, on a deux boutons : un pour le missile et un pour le constructeur"), et Wilder parvient à instiller pas mal de venin dans ce scénario vaudevillesque. Coca-Cola, omniprésent dans la trame, est utilisé comme archétype d'une société de consommation qui part en vrille, archétype prolongé par les personnages américains, confits dans leurs à-priori et leur lutte de classes démodée. Si le jeune homme communiste est ridicule, Cagney en patron aux dents longues ne l'est pas moins. Le trait est lourd, mais n'épargne personne.

Pourtant, le film est poussif, surtout à cause d'une mise en scène qui se voudrait échevelée et qui n'st que pénible sur la longueur. L'hystérie de la dernière heure fatigue, Wilder ne parvenant jamais à changer ses 123personnages en autre chose que des marionnettes gesticulantes. Or, Cagney n'a plus le charisme pour ça : vieillissant, peu expressif, figé, il ne sait que hurler pour tenter de donner de l'énergie à son personnage defunesien. Où est l'élégance des grands acteurs wilderiens, les Lemmon, les Douglas, les Ewell ? Wilder compense son manque de rythme par une accumulation de situations gaguesques un peu indigeste, nous refait le coup de la blonde écervelée et du type déguisé en femme, et s'ennuie autant que nous. Il ne sait que reproduire ce qu'il sait faire ; il le fait bien, mais sans imagination, sans passion, en roue libre. Finalement, One, Two, Three manque de nerf, et ressemble déjà à un film de pépé trop engoncé dans un savoir-faire qui ne se met jamais en question.

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