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Shangols
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11 janvier 2009

Blind Mountain (Mang shan) (2007) de Li Yang

Après l'excellent Blind Shaft, Li Yang livre un second film une nouvelle fois très âpre sur les faces cachées de la Chine. Il s'appuie encore une fois sur la triste réalité : l'histoire de femmes que l'on kidnappe pour les vendre dans les endroits les plus reculés de l'Empire du Milieu, là où justement, il en manque - je reviens po sur les conséquence de l'enfant unique... Pour 700 euros et pour peu que vous n'ayez point de scrupules (hein, ben non), un intermédiaire se fera un plaisir d'embobiner une femme et de vous la livrer... Lorsque la pauvre Bai, après avoir été droguée, se réveille sur un petit lit dans une pauvre ferme en pleine campagne, elle croit rêver... C'est pourtant juste le début du cauchemar.

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On se dit au départ que tout de même, à notre époque, cela ne doit pas être bien difficile de s'échapper ou de communiquer avec l'extérieur pour être secouru. C'est mal connaître ces petites régions enclavées où le village, du postier au chef, fait preuve d'une solidarité terrible pour que ces femmes restent là où elles sont; Bai ne tarde pas à comprendre qu'elle n'est pas la première mais au moins la quatre ou cinquième femme à être prise dans les filets de ce village de damnés. Pour résister, la bougresse résiste, tout y passe : elle envoie copieusement paître son petit moustachu de mari, les parents de ce dernier l'aident à violer la jeune femme; elle fait toujours preuve de "sauvagerie", on l'attache au pied avec une chaîne; elle fait une tentative de suicide, on la sauve in extremis; elle endort son petit monde pour avoir le champ libre et s'enfuir, on organise une battue pour la ramener à la casa - et pis la prochaine fois, comme pour l'une de ces femmes achetées, si elle se tient pas à carreau, on lui pètera la cheville. Même une fois enceinte comme les autres femmes qui ont fini par lâcher l'affaire, elle reste pugnace... C'est un village de barbares, me direz-vous, ça tombe bien, le mot revient fréquemment dans les dialogues, Li Yang ne cherchant jamais à justifier de quelque façon ces procédés d'un autre temps. Il traite son sujet frontalement et tranche dans le gras, jusqu'à l'explosion de violence dans la scène finale. Sans concession.

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Même si la "solution" viendra d'un enfant (que justement Bai prend sous son aile en lui donnant des cours... y'a un message là), le constat est amer : comment a-t-on pu en arriver à créer ce monde sans foi ni loi?... Question purement rhétorique dans un pays où l'argent achète tout, "excuse" tout - aux yeux du village en tout cas -, même la pire des conduites. Si le dramatique manque d'éducation des villageois est souvent pointé du doigt - par l'instit du coin, qui tente d'ailleurs affreusement de profiter de la situation -, on a surtout l'impression d'être revenu dans des temps bien primitifs où l'individu n'est qu'une marchandise, où les voisins ont appris comme une seconde nature à fermer les yeux sur les agissements de leurs congénères. Rien d'extraordinaire dans la façon de filmer de Li Yang, si ce n'est qu'il nous plonge dans le réalisme le plus cru avec une étonnante maîtrise - ce qui constitue, il faut bien le reconnaître, une énorme prouesse (tous les acteurs sont plus crédibles les uns que les autres - ça fout la trouille, presque). Li Yang a livré deux films avec dans le titre le mot "aveugle", aucun doute en tout cas que son cinéma demeure capable d'ouvrir les yeux. Le film n'est bizarrement (...) po sorti en salle en Chine, restent les (copies) dvd pour ceux que les problèmes de conscience agitent encore.      

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