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2 janvier 2009

Il y a longtemps que je t'aime (2008) de Philippe Claudel

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Lorsque mon collègue chinois aime un film français récent, j'ai pris l'habitude de serrer des dents. Mais bon j'essaie de me dire, "allons, va avec tes préjugés, peut-être que ce film est chargé d'une bouffée d'émotion qui va te submerger.... Et bien la preuve que les préjugés c'est tout de même, encore une fois, bien utile pour éviter de perdre son temps. Philippe Claudel nous sert une soupe froide sursignifiante, surjouée, (les seconds rôles notamment : c'est à celui qui va prendre la voix la plus grave pour faire plaisir à l'ingénieur du son), bourrée de sentiments qui voudraient vous serrer là, juste sous la carotide, sur...vide... Je n'ai rien contre la bonne ville de Nancy dans laquelle le film est tourné mais j'ose imaginer qu'elle ne peut point être aussi froide que le glacé de cette image - une image plus plate qu'une hostie oubliée sous la voiture du Pape. D'entrée de jeu, Claudel voudrait absolument que tout le monde soit exsangue, la pauvre Kristin Scott Thomas comme sa soeur Elsa Zylberstein qui vient la récupérer à sa sortie de prison. Celle-là s'en est pris pour 15 ans, elle en a, disons, une quarantaine, on se doute qu'elle n'a pas dû se contenter de voler une pizza. Claudel (pas de lien de famille, hein?), nous fait poireauter pendant 30 minutes avant de nous balancer l'info... Merci mon gars mais il aurait été plus sain de nous balancer la sauce dès le début. Tout le jeu consiste ensuite à ne pas dire aux autres, l'entourage de la soeur, la grosse boulette qui a fait disparaître sa soeur pendant 15 ans. Là, on s'en prend pour une heure et tout dans le film est lourdingue : le flic avec lequel Kristin doit pointer tous les 15 jours plus solitaire qu'un parapluie dans un désert - ouais, la solitude, ca fait maaaaal -, la chtite fille de sa soeur qui parle au zoo des animaux prisonniers, le mari de sa soeur un peu concon (la preuve, il lit L'Equipe) qui fait forcément po trop confiance à quelqu'un qui sort de prison, le collègue ultra-compatissant de la soeur de Kristin qui drague icelle et qui l'emmène devant un tableau où le personnage, "encadré" est comme "emprisonné", avant de s'extasier devant une autre peinture intitulée La Douleur (on comprend assez subtilement que le thème du film c'est le chagrin et la solitude au bout de la 34762ème allusion... ah oui, la seconde chance, ça aussi c'est un thème porteur)...

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Bref et j'en passe, les dialogues n'étant guère plus passionnants. Le pire c'est qu'on sent couver en sous-main une révélation finale qui devrait nous faire chavirer si jamais on a un coeur... Quand le truc arrive j'ai failli casser la télécommande et ma fainéantise m'a permis de garder la tête froide. Le final est vraiment consternant : notre pauvre Kristin hurle sa peine dans une séquence plus lacrymale qu'un lâcher de bombes de CRS. Moi, forcément, vous me connaissez maintenant après 340021 posts, je suis resté aussi sec qu'une biscotte au gluten comme dirait l'ami Djian. Chercher la facilité (le film repose sur UNE idée) à ce point sur un sujet qui nécessite autant de tact, c'est déjà limite; en faire en plus un élément de suspens qui débouche sur un pseudo-happy end dans les larmes, c'est po sain en soi. Bon, qu'est-ce que je vais encore raconter à mon Chinois pour cacher ma joie? Si je parle vite il pourra peut-être confondre pathétique avec sympathique... Je vous tiens au courant.   

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