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6 octobre 2017

Broadway Danny Rose (1984) de Woody Allen

3093d

Bon, j'admets, c'est peut-être pas le Woody Allen le plus captivant, l'histoire d'un loser qui s'occupe de losers, mais il y a au moins dans le fond, derrière toute la causticité, un vrai amour pour ces seconds couteaux du monde artistique. Bien que la trame va jusqu'à inclure un flash-back dans le flash-back (un comique raconte une aventure, la "meilleure" aventure de cet imprésario, Danny Rose (notre Woody) et évoque, dans son récit, un épisode antérieur - le meilleur poulain du Danny qui tramait de le quitter juste avant de connaître le succès), le reste du récit est d'une simplissime linéarité. Quelques bons mots coutumiers d'un Woody sous acide émaillent l'histoire (perdu en pleine cambrousse, le "Nord Vietnam" en bon New-Yorkais qui se respecte, il lance : "J'ai jamais vu autant de roseaux de ma vie, j'ai l'impression d'être Moïse"), et néanmoins un récit qui frôle, vers la fin, une évidente tristesse. Même si... Ah ben nan, je dis rien.

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Après les vingt premières minutes quelque peu brouillonnes, un poil répétitives, voire même, carrément inutiles (on se raconte, entre vieux comiques des anecdotes foireuses), l'histoire débute enfin : le Woody se rend chez une Mia peroxydée et éminemment greluche pour la persuader de venir au concert de son poulain - un chanteur italien de seconde zone, déjà marié, qui profite de la mode rétro pour faire son come-back. Après un passage chez une voyante - Woody est fan de ce genre de "deus ex machina" - puis dans une fête ritale (la mafia vue par Woody, enquillons gaiement les clichés), le Danny Rose est rapidement embringué dans une situation qui le dépasse : il doit prendre la fuite avec cette blonde encombrante et deux petits mafieux aux fesses, lié, malgré lui, à un quiproquo. Couple antinomique de l'éternel bavard (30.000 lignes de texte - toujours une anecdote en poche - ponctuées toutes les cinq minutes d'un "je le jure devant Dieu", Dieu auquel il ne croit pas) et de la potiche ingrate. Woody terrorisé dès qu'on le menace, Woody malade comme un chien en bateau, Woody le roi de la panique mais totalement dévoué envers ses protégés. Le film a du rythme, Woody se paye le luxe de quelques beaux plan-séquences où les acteurs finissent généralement par déserter le cadre, tout ça ne mange pas de pain, c'est peut-être parfois juste un peu vain. Beaucoup aimé en revanche les deux séquences où le Woody, abattu après une énorme déception (professionnelle puis amicale) se retrouve pratiquement face caméra, le regard aussi triste qu'un jeune chiot abandonné, comme si on venait littéralement de lui arracher le coeur à mains nues. Ce petit fond dépressionnaire, dans une comédie, finalement, très légère donne au film une gentille touche d'humanité (de la fidélité et de la trahison dans l'oeuvre de Woody). Entre Zelig et La Rose pourpre, le maître avait le droit, quoiqu'il en soit, à une ptite faiblesse.   (Shang - 10/12/08)

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Bah une petite faiblesse tout de même charmante, ne boudons pas notre plaisir de voir notre Woody balancer trois vannes à la seconde, déambuler à travers l'écran dans sa démarche toujours aussi maladroite, slalomer entre les mafieux et les artistes de music-hall ringards, séduire mine de rien une Mia Farrow en sur-régime (pour moi, un de ses meilleurs rôles pour Woody, son travail sur sa voix, sa composition physique, elle est parfaite), et s'en sortir toujours aussi mélancolique et seul... C'est mené tambour battant, c'est un tendre hommage aux cabarets miteux de Broadway et son lot de ventriloques à la con et de magiciens moisis, et peut-être même peut-on y voir un peu plus : une défense d'une certaine forme de passion artisanale, qu'on peu étendre au monde du cinéma, face au mercantilisme (représenté par la bande de producteurs parvenus qui se payent la tronche de Danny Rose). Comme toujours, Woody soigne sa technique, noir et blanc magnifique, montage simple mais précis, mouvements de caméra élégants, seconds rôles impayables, et livre un film qu'on est tout surpris de trouver aussi mélancolique alors qu'il est en surface légérissime et mineur. La faute peut-être à ce couple Farrow-Allen, désaccordé mais en même temps merveilleusement en osmose, qui fonctionne sur de beaux sentiments : lui fasciné par l'audace de la belle, mais en même temps dépassé par sa sottise ; elle, attirée sans façon par ce petit mec qui va au bout de ses convictions et de ses goûts. Une image du couple Allen, qui marque ce film émouvant, et bien entendu poilant.   (Gols - 06/10/17)

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