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2 décembre 2008

L'Heure du Loup (Vargtimmen) d'Ingmar Bergman - 1968

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Cette fois-ci, ce sera sans moi. Je veux bien reconnaître toutes les qualités du monde à L'Heure du Loup, je veux bien en admettre l'ambition de base, y trouver de nombreuses scènes assez géniales ; mais le fait est que je me suis emmerdé comme un rat mort. Bergman s'essaye au genre épouvante, avec pas mal de distance d'ailleurs, mais ne réussit qu'à produire un de ses bidules qu'il a faits parfois : intellectualissime, uniquement placé dans le cortex en oubliant le bide, beaucoup trop psychologisant, et se regardant un peu filmer.

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Ca commence par la voix de Bergman lui-même qui crie "Silence ! on tourne ! Action !", et on se dit qu'on va avoir droit à un autoportrait en schyzophrène qui peut donner de belles choses. Aussitôt après, regard-caméra de la jolie Liv Ullmann, qui nous conte la lente déchéance psychologique de l'homme qu'elle aime. Puis flash-back, et nous voilà dans l'histoire principale : un couple est en train de se dissoudre dans la folie, à cause des délires de Von Sydow, incapable d'affronter un passé trop chargé. Si dans un premier temps le couple se tient à peu près, les choses vont plonger dans la folie pure la nuit venue. Démons, fantômes, flashs horrifiques, pulsions morbides, tout un monde nocturne et affreux est convoqué, imbibant littéralement le scénario jusqu'à le plonger lui-même dans la folie. La mise en abîme du début est vite oubliée devant ces séquences cauchemardesques et réellement effrayantes (le travail sur le son, les stries de musique qui remplacent les bruits réels, ajoutent encore à ces images parfois impressionnantes).

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Il y a là-dedans des plans vraiment inspirés, voire des scènes entières : un théâtre de marionnettes macabre sur fond de Flûte Enchantée, qui amène une émotion poignante dans cet univers sclérosé de la haute bourgeoisie ; un flash-back assez terrifiant, parce que muet et très figé, où la mort fait son entrée dans toute sa sécheresse (un petit cadavre qui remonte à la surface d'un lac) ; un final grand-guignolesque, Von Sydow grimé en horrible clown, la peau d'une femme filmée dans une blancheur cadavérique, une vieille femme qui ôte sa perruque puis sa peau puis ses yeux... Tout ça est très beau, très travaillé, très profond sûrement ; mais cette fois, ça sent l'application : Bergman peine à faire décoller l'émotion, et le film ne sait se faire aimer qu'intellectuellement. C'est bien dommage, surtout sur un sujet aussi "sentimental". On a un peu l'impression que Ingmar règle leur compte à ses prpres démons, en nous oubliant en chemin. Le film devient souvent pure expérimentation, sans jamais que le gars ne parvienne au résultat de Persona, par exemple (film assez proche). On bâille franchement, en s'accrochant à ces quelques motifs drôles (malgré eux ?) : un châtelain Belalugosien, un repas bourgeois complètement déclafté, ou des dialogues frôlant souvent la caricature du maître. C'est beau, mais froid.

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l'odyssée bergmaneuse est là

Commentaires
P
Merci pour ces explications ;) Je continue d'adorer le film néanmoins.
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G
Oui, oui, l'émotion point parfois, je le reconnais, mais dans son ensemble ce film m'a semblé trop, beaucoup trop, cérébral. Pour ces quelques instants magiques dont j'ai parlés, il y a quand même de longs tunnels d'une froideur absolue.<br /> Ah c'est vrai que Bergman est rarement guilleret (j'ajouterai à ta proposition, quand même, Toutes ses Femmes et Une Leçon d'amour). Par contre, je trouve qu'il est très souvent "chaleureux", et que la plupart de ses films assument totalement un certain sentimentalisme qui réchauffe le coeur. C'est toujours très intello, je dis pas, mais c'est souvent aussi très touchant, ce qui n'est pas le cas avec L'Heure du Loup, pour moi.<br /> J'avoue pour finir que je me suis fait chier en voyant ce film, mais que, OBJECTIVEMENT, je reconnais que c'est fort.
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P
Chef d'oeuvre absolu pour moi. Mais je comprends pas, tu parles d'images "effrayantes", d'"émotion poignante" et quelques lignes plus tard "Bergman peine à faire décoller l'émotion". Moi je trouve qu'il y a beaucoup d'émotion là-dedans, et c'est ce que tu as l'air de dire à un moment, ou alors je comprend mal. Un peu froid, austère, tout ce qu'on veut, mais bon un Bergman chaleureux et guilleret, à part "Sourires d'une nuit d'été" (et encore c'est assez grave dans le fond), je ne connais pas.
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