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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
12 novembre 2008

Casino Royale de Val Guest, Kenneth Hugues, John Huston, Joseph McGrath & Robert Parrish - 1967

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Ah diable, voilà un solide navet antédiluvien, qui prouve encore une fois que le cinéma anglais vaut ce qu'il vaut (cherchez pas, j'ai une dent contre). Casino Royale est un râtage total, alors même qu'il affiche une ambition démesurée : au casting, Orson Welles, David Niven, Peter Sellers, Ursula Andress, Woody Allen, Deborah Kerr, William Holden, Charles Boyer, Jean-Paul Belmondo, George Raft, Peter O'Toole, Jacqueline Bisset ; à la réalisation, entre autres John Huston ; à la musique, Burt Bacharach ; et même une participation non-créditée de Billy Wilder au scénario. Excusez du peu. Vous me direz, ça sent le douteux, tant ce générique est improbable. Eh bien vous avez tout juste : la profusion de metteurs en scène, l'hétérogénéité du jeu d'acteurs, alliées à un scénario proche de la débilité profonde, finissent par accoucher d'un bébé monstrueux.

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Ca part dans tous les sens, impossible de comprendre quoi que ce soit à cette adaptation de Ian Fleming, le film alternant sans transition scènes plus ou moins honorables et séquences inregardables. La toute fin, notamment, est une horreur, le cul entre les chaises d'une culture pop écoeurante de couleur et la splastick comedy à la Woody des premiers jours. Ca voudrait bien ressembler à The Party, et ça s'applique au délire visuel avec un bel effort, mais c'est juste infâmement laborieux et poussif. Jamais un gag ne fonctionne, jamais une idée ne part sur une bonne voie : les acteurs, en totale liberté, sont au pire minables (Welles en méchant caricatural, très peu concerné, mais franchement consterné), au mieux absents (Sellers, hébété). Seule la petite Joanna Pettet s'en tire avec les honneurs en composant une espionne à l'accent parigo assez mignonne. A côté de quelques passages un peu tenus (le début, les dialogues de Woody Allen et une curieuse incursion cinéphile dans l'expressionisme), à côté de quelques clins d'oeils taquins (on retrouve des grandes figures du cinéma hollywoodien, y compris George Raft qui parodie son personnage de Some like it Hot), on assiste à des éxécutions sommaires d'acteurs, noyés dans une esthétique vomitive et faisandée de scopitone fauché. Tout ça ferait presque pleurer. A voir quand même, pour y croire.

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Tout sur Woody sans oser le demander : clique

Commentaires
A
C'est vrai qu'il se passe tellement de trucs dans un films (acteurs, décors, caméras, musiques…) qu'on peut toujours regarder les choses sous différents angles. Je me souviens que dans un film de Pagnol, un personnage d'accessoiriste disait qu'il n'observait plus que les accessoires : s'ils étaient bien choisis, le film marchait, sinon ça capotait.<br /> <br /> D'ailleurs, c'est ça que j'aime bien sur Shangols. Vous hésitez pas à afficher vos partis pris et vos divergences et pis à farfouiller un peu en dehors des panthéons officiels. Continuez comme ça les gars…
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G
Très drôle, votre récit d'une métamorphose. Pour ma part, je suis resté au stade 1, même après 2 visions : celui du navet. Mais qui sait, comme vous dites. Merci pour ce commentaire subtil, ami Alexander.
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A
Vraiment bizarre ce film. Probablement un cas-extrême de réception cinématographique…<br /> <br /> J'étais d'accord point par point avec votre analyse la première fois que je suis tombé dessus : comique poussif, accumulation forcées de burlesqueries grossières, stars gâchées dans un immense suicide collectif de type Tour infernale… Et puis, un jour, j'ai été amené à le revoir. Je trouvais ça vaguement correct.<br /> <br /> A chaque rediffusion, mon appréciation continuait de virer de bord. Je glissais inexorablement du navet intersidérale au film culte. Voilà-t-y-pas que je me mue en fan hardcore style rocky-horror-picture-show-maniac… Ah, le « Who am I » dérangeant de Frau Hoffner, les poissons mécaniques en surimpression sur la robe à plume d'Ursula Andress… J'ai l'impression de contempler maintenant une vaste machinerie baroque qui détourne la culture sixties à coup de montages surréalistes. Le fait que l'intrigue demeure totalement incompréhensible participe de la parodie : qui n'a jamais été déconcerté par la sophistication outrée de certains complots d'espionnage ?<br /> <br /> Pour avoir défendu autrefois l'opinion contraire, je suis conscient que mon point-de-vue actuel est très très relatif… Un peu malgré eux, les producteurs ont créé au moins deux films en un. Actuellement, mon regard de spectateur est réglé en mode film culte. Pas impossible que ça finisse par bouger en sens contraire, et que je commence un jour à me demander pourquoi je me suis infliger ce nanar pendant des années…
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