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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
1 juin 2023

Alien, Le 8ème passager (Alien) de Ridley Scott - 1979

18365166_w434_h_q80Pour continuer dans la déception scottienne du jour, retour sur le pourtant culte Alien, que je n'avais pas vu depuis longtemps. Eh bien, oui, c'est pas terrible, force m'est de le constater. A sa défense, notons que le film a été depuis inlassablement copié, ce qui fait que la plupart de ses idées apparaissent aujourd'hui ridicules. Mais notons derechef que Scott est déjà un effronté copieur, et que beaucoup de ses motifs sont piqués à d'autres.

On s'ennuie un peu à suivre cet étique scénario de massacre en lieu clos. J'avais le souvenir d'une intéressante réflexion sur l'altérité, sur la part de sauvagerie qu'il y a en chacun de nous ; mais en fait, tout ça ne pète vraiment pas loin. Dans le genre Carpenter est bien meilleur avec The Thing : ici, on n'a droit qu'à un palot film d'horreur attendu, élégamment déguisé sous des oripeaux high-tech dépassés. Nulle trace de réflexion, et visiblement nulle volonté de la part de Scott d'en avoir une. Encore une fois fasciné par le pur spectacle, il livre un film bête, à l'histoire maigrelette Alien05_450(un monstre tue tout le monde) et aux évènements poussifs. On ne frémit jamais, et ce pour plusieurs raisons : d'abord parce que tout disparaît sous des lumières bleuâtres absolument immondes, dans une obscurité qui ne veut pas dire son nom, ou dans des effets de photo vraiment lâches. Manque de moyens ou volonté affichée, en tout cas Scott n'affronte jamais réellement ses scènes de peur, son monstre étant réduit à quelques détails (peau luisante, petites canines féroces, suintements divers). Il ne se tourne pourtant jamais vers la suggestion, et Alien est du coup franchement flou : pas assez gore ou pas assez subtil, trop ouvertement commerçant ou trop arty.

Les scènes effrayantes sont par ailleurs bien trop balisées pour fonctionner encore aujourd'hui : Harry Dean Stanton qui cherche un petit chat dans les couloirs du vaisseau alors que l'alien rôde, on sait que ça va pas 18892764_w434_h_q80se terminer bien, et on passe son temps à regarder des scènes se chassant les unes les autres. Le film est totalement dénué de surprise, on sait parfaitement quel va être son déroulement du début à la fin. Et puis surtout, tout ça est filmé dans des décors cheap à mort : petites lumières clignotantes absolument ridicules (il y a même toute une pièce composée de ces lumières, c'est Noël), couloirs luisants, portes coulissantes sorties tout droit de Star Trek (quelques pièces pourtant se referment avec des portes rondes qui font un bruit de scie rouillée, l'architecte d'intérieur avait dû être licencié), et surtout repaire des aliens mal fagoté et jamais crédible. On multiplie les invraisemblances esthétiques, quand on ne les pique pas à d'autres (où donc ai-je déjà entendu de la musique classique sur des images de SF ?), ce qui fait qu'on sort doucement du film pour s'endormir mollement. On se demande un peu pourquoi Alien est si adulé aujourd'hui... (Gols 0/11/08)


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On sent tout l'amour de Gols pour Scott sur cette action... Et pourtant Alien, bien que je ne sois pas un fan invétéré du genre, c'est le moins qu'on puisse dire, est loin d'être aussi catastrophique que cela. D'abord louons cette époque où on pouvait fumer dans les navires intergalactiques, où on pouvait y faire du feu même, où un appel inconnu d'une planète inconnue n'éveillait aucune suspicion excessive (l'étranger, cet autre, cette possibilité, cette ouverture ?), où on pouvait amener son animal de compagnie (le chat qui joue franchement super bien dans chacune de ses scènes), où on pouvait porter un slip taille basse sans que cela ne fasse bondir le groupement des féministes pour les gaines (GFG). Alien, aussi, c'est quand même toute une première heure où le temps est comme suspendu, où on tremble comme une feuille quand on essaie de mettre la main sur cette créature qui s'est emparé du visage de Hurt (et qui nous fera bondir alors même qu'elle est morte), où on frémit quand un putain de mini-monstre avec les dents de Kool Shen sort du ventre de ce même Hurt dont les mains continuent frénétiquement de trembler ; certes, à la revoyure, on a moins les mains crispées sur les accoudoirs, on bondit moins quand ce truc de l'espace détale comme un dingue de la salle d'opération. Mais cela fit son effet en son temps et toutes les copies diverses de cette œuvre ne devraient point faire oublier cette véritable oeuvre-matrice de "l'horreur dans l'espace"... Ensuite, je trouve un peu dur l'ami Gols au niveau des effets spéciaux, même dix ans après 2001 et deux après Star Wars : la salle gigantesque de ce Prometheus est impressionnante, les maquettes sont raffinées et ce navire qui regorge de recoins multiples (avec toujours une très belle finition dans chaque détail, chaque petit accessoire) est tout de même diablement inquiétante... Bon mon camarade n'aime pas les effets des loupiotes, un peu abusé dans cette salle "sapin de Noël" ou lors du dernier quart du film (effets stroboscopiques à mort), je suis assez d'accord là-dessus mais le reste du décor est quand même chiadé, m'est avis... Et le fond, on en parle du fond ? On n'est pas dans l’adaptation d'une œuvre philosophique signée Clarke ou Lem, évidemment, mais il y a quand même des éléments qui font sens. Les deux soutiers (Harry Dean Stanton et Yaphet Kotto) qui se plaignent d'être sous-payés alors qu'ils sont en charge de tous les bordels électroniques collatéraux du vaisseau, l'ordinateur de bord (Maman !) qui déconne à plein tube et ne sert strictement à rien en cas d'urgence, l'homme-robot qui admire cette créature parfaite venue de l'espace par son sens de l'adaptation (que dis-je, son intelligence) et son absence totale de morale (ce qui rend cette chiatique de Sigourney si ingérable à ses yeux) ou encore cette supériorité... de la femme (Scott ce féministe ? ok je déconne, on en a déjà débattu pendant deux ans), une femme jamais vraiment écoutée par ses comparses et dont l'instinct de survie se révèlera très... utile. Après oui, c'est du film d'horreur classique où l'on pourrait parier une part de pizza sur le prochain passager qui va passer à la casserole. Chacun fait le malin, puis moins, puis plus du tout et la créature au cerveau et au crâne dix fois plus long que Bruno Lemaire parvient constamment à déjouer les plans (guère élaborés, j'en conviens aussi). Film d'ambiance, puis plus d'action, un film qui encore aujourd'hui, à mes yeux, ne démérite pas tant que cela. (Shang 01/06/23)

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Commentaires
V
La toute première fois, j'avoue, ça m'a terrifié (et pourtant, c'était sur une toute petit TV)... Mais je suis toujours fasciné par les décors de Giger, et par la sublime musique "scriabinienne" de Jerry Goldsmith !<br /> Je trouve que c'est un film envoûtant, hypnotique, que je continue à ressentir comme tel, même si je connais bien sûr par coeur toutes les scènes-clés (j'ai bien dû le voir quelque chose comme 200 fois, lol) !
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G
Lu ton texte, Vincent, et on n'est effectivement pas d'accord, notamment sur l'art de la suggestion : il me semble que Scott l'utilise par manque de moyens, mais que, contrairement à Tourneur par exemple, il lutte contre : il veut trop en montrer tout en n'ayant pas les moyens de le faire, d'où un "entre-deux" bien maladroit. Quant à la lecture possible sur la cellule familiale qui se transmet ses tares, j'ai l'impression que c'est un discours qu'on voudrait donner à Scott, mais qu'il ne ressent pas, qui est très peu exploité dans le film. Tout comme cette piste plausible de "l'étranger parmi nous" (donc l'immigré, qu'on porte au sein de la communauté mais qui menace l'unité sociale) : Scott est trop peu subtil et intelligent pour affronter vraiment une réflexion, et se contente de réaliser un film d'horreur somme toute très dans la moyenne. Et, sincèrement, ça t'a vraiment fait peur ?...
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V
Pas d'accord du tout non plus... Pour moi, ce film est un pur chef-d'oeuvre, à voir ici :<br /> http://vincentthe1.blogspot.com/2007/02/alien-scott.html
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G
Oui, je pensais bien que ce texte négatif allait m'attirer les remontrances des fans. Mais, pourquoi est-ce que tu aimes tant ce film, Paul ?
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P
Pas d'accord du tout pour le coup. "Alien" est un de mes films préférés, un chef d'oeuvre que je ne me lasse pas de revoir :D
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