Le Hussard sur le Toit (1995) de Jean-Paul Rappeneau
Réputée inadaptable, l'oeuvre de Giono (apparemment po la meilleure en plus) aurait tout gagné à ne pas l'être. Jean-Paul Rappeneau veut absolument dynamiser au maximum cette histoire... et brasse méchamment de l'air. C'est terrible d'avoir autant d'angles de prises de vue, de chercher autant à faire un montage en trois mille plans par minute et d'aboutir à une telle impression de vide - c'est presque vertigineux pour garder une allusion au titre. On sent pourtant un soin particulier dans chaque tuile des toits - de l'authentique, comme disait l'autre du coin - tout comme dans le nombre de figurants au détour d'une séquence, c'est du gros budget français, môssieur. Seulement il se passe vraiment po grand chose, avec en prime une historiette d'amour bien pâlaude. Au début, on craint le pire, en pensant que Rappeneau va faire défiler tous les acteurs français de renom (enfin...) à chaque nouvelle séquence. On a droit à Cluzet, puis à Depardieu grimmé comme un Gaulois, puis... ah un trou dans le casting, un chat, qui est sûrement le seul à ne pas en faire des tonnes. Heureusement que notre Hussard croise Juliette Binoche, on se calme pour un temps, et boum c'est reparti, Jean Yanne en charlatan, Pierre Arditi avec des rouflaquettes tout paniqué... Cela semble d'ailleurs le mot d'ordre de la direction d'acteurs, Olivier Martinez en tête : il faut dire son texte le plus rapidement possible, sembler toujours tout essoufflé, pour sûrement donner l'impression qu'il se passe vachement de trucs à la fois... Ben non. On nous sert des bastons d'un autre temps - superbe high-kick de Martinez sous amphète -, il ne manque que les fils sur les toits pour faire un truc du genre Hussard et dragons (jeux de mots - six lettres). Bref, pauvre Juliette Binoche, toute mimi quand ses mains prennent feu, mais qui peut pas faire grand chose dans ce soi-disant film à grand spectacle bien creux. Une tuile.