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Shangols
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18 octobre 2008

La Commare Secca (1962) de Bernardo Bertolucci

commare_1_Premier film réalisé à l'âge de 21 ans (ça laisse rêveur) du Bernardo sur un sujet original de Pasolini dont il fut l'assistant juste l'année d'avant sur son premier film. 5 jeunes sont questionnés par la police qui enquête sur le meurtre d'une prostituée; si ce qu'ils disent n'est jamais vraiment en accord avec ce que l'on voit, c'est que chacun a un petit quelque chose à se reprocher (vols, draguage intempestif de jeunes filles...)

Ce qui intéressait Bertolucci d'après l'interview qu'il a donnée en 2003, c'était surtout de filmer cette jeunesse "en mouvement" et quelques séquences sont particulièrement réussies (les séquences de drague dans la rue, les courses dans la forêt, les disputes familiales...) tant elles semblent avoir été prises "sur le vif"; la direction d'acteurs est au diapason notamment dans ces scènes très naturelles de danses ou lorsque les deux amis flirtent avec deux jeunes filles; Bertolucci avoue d'ailleurs ne point tant s'intéresser au côté thriller du récit que de chercher à filmer "le temps qui passe"; ces jeunes gens sont livrés à eux-mêmes et semblent commettre des actes condamnables uniquement pour combler leur ennui - point de maniérisme (c'est clair quand on voit de quoi il a été capable par la suite...), le film respire une certaine fraîcheur, mais tombe aussi parfois un peu dans le léthargique... Bernardo reconnaìt avoir tenté de filmer de la poésie (il a sorti un recueil de poème, le seul et l'unique un an avant), et s'il parvient à capter parfaitement un certain désoeuvrement et une certaine innocence de la jeunesse, il perd un peu le spectateur dans les méandres de son histoire; belle idée tout de même de rythmer chacun des 5 épisodes par un coup de tonnerre suivi d'une pluie soudaine en insérant à chaque fois des images de la prostituée qui se prépare à aller "bosser". A voir mais pas 14 fois de suite.   (Shang - 19/12/06)

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272_feature_350x180J'avoue que le côté chiant de la chose a dépassé peu à peu le côté intéressant. Bertolucci échoue à peu près dans toutes ses ambitions. Il se révèle incapable de filmer réellement la ville de Rome, à cause de ce flou artistique total au niveau des intentions : réalisme social à la Pasolini ou tendances poétiques à la Carné, il hésite trop souvent, servant des scènes le cul entre deux chaises. Il semble refuser de trancher réellement entre les deux fameuses écoles (en gros De Sica contre Fellini) dans ces plans sous la pluie, mélanges de scènes "à effet" et de réalisme urbain. Tout le film est comme ça, hésitant, maladroit. Erreurs de jeunesse, reconnaissons-le, mais on ne peut s'empêcher de préférer quand Bertolucci tranche, même pour le pire (au moins, Little Bouddha, pour prendre un exemple au hasard, a une esthétique très nette).

Côté scénario, c'est pas mieux, et le gars apparaît bien frileux face à son maîtrecommaresecca PPP : l'homosexualité évidente de trois de ses personnages est esquissée avec des rougeurs de jeune fille, la sexualité sourde qui constitue le fond du film est sacrifiée au profit d'une intrigue policière absolument sans intérêt, et même les scènes de simple enregistrement du réel manquent complètement de naturel. La Commare Secca apparaît comme hors-jeu : c'est le film d'un garçon de bonne famille qui voudrait affronter le réel. Mais Bertolucci a bien trop peur de son sujet pour l'affronter en face, et du coup il esquive tous les dangers, toute la "saleté" de son histoire par des poses poétiques assez mièvres. Dommage, car il y avait de la matière dans ce scénario, qui aurait pu être un grand moment âpre et frontal.   (Gols - 18/10/08)

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