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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
17 octobre 2008

Bardelys the Magnificent de King Vidor - 1926

2On se méfie souvent de ces films réputés perdus et qui se retrouvent dans on ne sait quelle cave improbable : leur rareté est souvent inversement proportionnelle à leur qualité. Dans le cas de Bardelys the Magnificent, on aurait tort : le film est splendide, et vous replonge immédiatement dans la grande époque hollywoodienne. Précurseur de Scaramouche ou de The Prisoner of Zenda, il pourrait bien être LE film de cape et d'épée par excellence.

Tout y est : comédie raffinée, mélodrame déchirant, aventures échevelées. Ca commence comme une friandise délicate, avec ce portrait d'homme à femmes et à bons mots, qui, suite à un pari douteux, se met au défi de séduire une marquise intouchable. Ce début rivalise de bons mots (pour une fois, le 3nombre important de cartons n'est pas handicapant, c'est une merveille d'écriture), de personnages savoureux, de mines féminines craquantes et de grimaces masculines réjouissantes. On croit qu'on va assister à un comédie de moeurs en costumes, et puis subitement le film se retourne complètement : après un ou deux morceaux de bravoure, nous voilà plongés dans le grand mélodrame, avec amour impossible, promesses de mariages brisées par d'odieux félons, et abandons lascifs de gorette. Là aussi, un grand bonheur : sublime scène de déclaration d'amour sous les saules, où les feuilles servent à cacher pudiquement les gestes, et où la pellicule s'imprime littéralement d'amour et de sentiments ; dilemme ardu pour notre Bardelys qui se met lui-même dans la mouise ; et grands élans sentimentaux filmés à hauteur de personnages.

5Enfin, on passe au grand spectacle, et là on s'accroche au fauteuil : il y a une scène d'évasion qui ferait rougir n'importe quel réalisateur de film d'action d'aujourd'hui. Bardelys bondit à chaque coin d'écran, invente le saut à la perche à la hallebarde (pointu), glisse le long des bras des charrettes, se balance de muret en muret accroché à des tentures, le tout filmé dans tous les sens par un Vidor de toute évidence hilare. Caméra subjective, plongées et contre-plongées, montage au taquet, c'est un immense morceau de bravoure, une sorte de moment parfait. Un petit duel final finit de convaincre du génie pur de Vidor pour les scènes d'action : vas-y que je te brise mon épée mais que je me bats encore avec un chtit bout de lame, vas-y que je t'envoie mon épée par la tête, vas-y que je me la joue grand seigneur en te rendant l'arme qui vient de tomber... L'élégance totale.

4Les acteurs, et c'est sûrement là la plus grande qualité du film, sont parfaits : ils sont bouleversants d'humanité, à commencer par la jeune femme (Eleanor Boardman que, si j'avais 70 ans de plus, j'épouserais immédiatement), belle à mourir, moderne dans son interprétation, qui sait parfaitement et sobrement utiliser son visage. Face à elle, John Gilbert est virevoltant et très drôle, tout en restant touchant dans ses grands moments sentimentaux : on croit totalement à son personnage, phénomène rare aux temps outrés du muet. Ces deux-là ne dépareilleraient pas dans un film des années 50, et la direction est absolument unique. Ajoutons que la rénovation du film est impeccable, avec notamment cette musique magnifique d'Antonio Coppola, qui sait tour à tour se faire taquine et romantique, voire bouleversante dans les scènes de prison. Un pur joyau qui n'a franchement pas pris une ride.

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