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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
10 octobre 2008

Closed 1 & 2 de Jean-Luc Godard - 1987/1988

On avait dit : tout Godard. C'est grâce au précieux blog de Maurice Darmon que je découvre cette série de pubs réalisées par JLG pour les jeans Closed de Marithé et François Girbaud, et je l'en remercie servilement : c'est plus que précieux.

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Closed 1 est une succession de spots de 20 secondes qui manient un humour désabusé tout en respectant la consigne commerciale. Godard joue sur l'ambivalence de la mode, sur son aspect éphémère opposé à l'éternité de la poésie ou de la peinture. On se marre bien à ces deux pubs, notamment, qui montrent une jeune fille feuilleter un catalogue de grandes oeuvres picturales ; à chaque page, on entend un "non" fatigué, puis à l'apparition du fameux jean, un "OUIII" extatique. Dans la même veine, JLG fait entendre de grands textes classiques (Baudelaire, Rimbaud) tout en montrant des jeunes filles accortes, regard perdu au loin ou déshabillage monté à l'envers. Là aussi, ça fonctionne parfaitement : le hiatus entre la frivolité de l'effeuillage et ces poèmes (dits avec vigueur d'ailleurs) en dit long, même si au final ces pubs sont très émouvantes et poétiques. Les mannequins rentrent immédiatement dans une sorte d'iconographie éternelle, justement par leur rencontre avec ces oeuvres d'art, et aussi par la façon que JLG a de les filmer, en statues, en poses. Le mystère qui se dégage de ces petits films, l'expérimentation bon-enfant qui s'y montre, rend la série précieuse, jusqu'au dernier clip où le brave Godard se lâche sévèrement : une voix d'outre-tombe ("en général les gens vont travailler en pantalon ; eux, c'est spécial : ils travaillent le pantalon. Pantalon, pas jeans américain") balancée dans l'urgence sur fond d'image brutale (une fille qui repasse un pantalon à même le corps d'un type). Un Godard original qu'on n'attendait pas là.

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Plus abscons, Closed 2 poursuit la même idée, mais cette fois avec des films plus "scénarisés" : un couple à la Pierrot le Fou, le long de la mer. Parfois l'homme porte la femme évanouie, parfois c'est la femme qui aide l'homme écroulé le long d'un rocher, ou bien c'est un dialogue sur la mode à moitié bouffé par le bruit de l'eau. Tout ça avec les incrustations de textes et la musique tendue de rigueur. On perçoit ça et là quelques prémisses de For Ever Mozart, c'est parfois très joli (l'énergie qui se dégage des corps), mais aussi un peu trop rapide pour vraiment avoir le temps d'éprouver quelque chose. On imagine bien l'effet que devaient avoir ces films coincés entre deux spots pour la lessive, et rien que pour ça on applaudit devant l'audace des promoteurs des 1988.

God-Art, le culte : clique

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