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7 octobre 2008

La Fontaine d'Arethuse (Törst) d'Ingmar Bergman - 1949

Malgré l'originalité de la construction, La Fontaine d'Arethuse reste dans les films oubliables d'Ingmar. Ca ressemble même de trop près aux inlassables élucubrations psychologiques pénibles qu'il sait nous servir parfois, et si ça reste assez agréable à regarder, c'est aussi un peu fade et lassant.

bergmanPourtant le montage est très audacieux : on suit une trame principale, celle d'un couple marié en proie aux disputes, trivialités et réconciliations de la vie de couple, balladé au sein d'une Allemagne en ruines dans un train. Mais au sein de cette ligne thématique, Bergman insère sans prévenir des souvenirs et rêveries de la jeune femme. Il suffit qu'elle évoque une maîtresse de son mari pour qu'aussitôt on décroche de l'histoire pour aller chercher cette maîtresse dans une courte scène chez le médecin ; ou bien si la jeune mariée se rappelle son passé, hop, un flash-back apparaît comme une longue digression. Bergman ajoute à cette curieuse construction une rapidité de narration impressionnante, notamment sur tout le début du film : les séquences y sont montées dans la rapidité, sans prendre la peine de faire durer les sentiments ou les évènements. Il y a quelque chose d'implacable dans cette apparition "formelle" du destin au sein du couple, et c'est souvent très réussi. D'autant qu'à côté de ces séquences très découpées, on trouve de très longues scènes en plan-séquence qui laissent s'épuiser les dibergman_fontaine_2alogues, simples enregistrements du désenchantement d'un couple condamné à de petits jeux vains pour combler leur amertume.

Le personnage principal, jeune femme à deux doigts de l'hystérie, oscillant en trois secondes de la tendresse à la dispute, est bien dans la veine de ce rythme heurté, étrange et saccadé. Aux scènes nocturnes et sombres du voyage en train succèdent quelques plans lumineux (un amour idyllique sur une île, comme d'hab, ou des scènes de danse), mais qui se terminent eux aussi dans la tristesse et le désappointement. Bergman dresse un constat très amer sur l'état du couple dans cette société ruinée (les bâtiments effondrés de l'Allemagne d'après-guerre, ou ces hordes de mendiants réclamant à manger), pointant du doigt le dégoût qu'il éprouve devant ces petits problèmes ménagers sans conséquence au regard de la déchéance universelle.

imageMais tout ça reste trop conceptuel, trop théorique pour vraiment toucher. Scènes un peu longues, jeu d'acteur trop éthéré, personnages peu attachants du fait même qu'ils sont tous renvoyés dos à dos dans leur fadeur, on peine à éprouver une véritable empathie pour ces problèmes bourgeois. La Fontaine d'Arethuse est un exercice de style au final un peu privé... de style, et on baille légèrement devant cet accès de colère du gars Ingmar, qu'on a connu plus subtil et moins froid pour nous parler de l'amour. Intrigant, sans plus.

l'odyssée bergmaneuse est là

Commentaires
G
Bergman, y a des jours ou ça passe, et d'autres pas, question de moral, d'envie. Oui oui, c'est un beau film, mais un peu léger vu le reste.
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S
Je suis peut-être trop indulgent, mais j'ai beaucoup aimé ce film, que je trouve vraiment très réussi même s'il ne fait pas partie de mes préférés du gars
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