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3 octobre 2008

La Fille aux Allumettes (Tulitikkutehtaan tyttö) (1990) d'Aki Kaurismäki

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Pratiquement muette, cette fille aux allumettes ne respire pas la joie et finit même par sentir le souffre. On est dans la grande épure kaurismäkienne avec Kati Outinen, front bas, regard têtu, déçue mais décidée, qui porte le filme sur ses épaules. Elle travaille dans une boîte d'allumettes (oui, elle était facile) ce qui permet d'ailleurs d'apprendre comment on fabrique ces tout petits bidules à grande échelle. Elle s'ennuie comme un rat mort, habite encore chez ses parents et sort le week-end en disco - enfin disons qu'elle passe la soirée plantée sur son banc, personne ne l'invitant... Un jour, son nouveau salaire en poche, elle craque pour une robe rouge en devanture d'un magasin; ses parents découvrent le pot aux roses, la traite de "salope" - le premier mot du film? -, elle se tire et ce soir là elle choppe, miracle, un gentil barbu entre deux âges... Gentil, po vraiment en fait, puisqu'il lui laisse un billet au matin... Notre Kati ne s'en formalise pas, elle attend désespérément son coup de fil toute la journée : elle pourrait patienter pendant des millénaires... Cela se corse lorsqu'elle apprend qu'elle est tombée enceinte mais la réaction de son amant puis ensuite de ses parents est plus misérable qu'un film de Lelouch. La Kati décide alors de prendre les choses en main... Les chansons souvent à mourir font part des états d'âme de notre héroïne, elle qui voudrait souvent s'envoler ailleurs, elle qui est victime des plus grandes déceptions. L'humour pince sans rire de Kaurismäki devient ici résolument grinçant et noir comme le rimmel qui coule : ces petites vies touchent tellement le fond qu'elles ne peuvent poser qu'un regard totalement abruti sur ce qui se passe dans le monde (Tiananmen, souvenez-vous, avant que Chirac ne tourne la page...) et lorsqu'il est question d'échapattoire, les issues semblent complètement bouchées. Pour un petit instant de VRAI bonheur, lorsque, devant ses allumettes, Kati repense à la soirée de la veille (un sublime sourire gratuit) que de moments de dépit. Il est normal, finalement, qu'à la fin elle s'enflamme pour finir par s'éteindre au fond du trou. Un Aki triste comme de la cendre de cigarette.

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