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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
12 juin 2023

Los Angeles 2013 (Escape from L.A.) de John Carpenter - 1996

Los_Angeles_2013_1996_Escape_from_L_A__1Bonheur total de redécouvrir ce petit film sous-estimé du grand JC, certes bourré de défauts, mais qui est un de ses films les plus frontaux et les plus nihilistes. C'est l’œuvre qui a marqué sa rupture définitive avec le système hollywoodien : à l'époque il avait encore les moyens de faire des effets spéciaux (même s'ils sont assez minables), et la grande force du film est de s'en servir pour en dynamiter les recettes.

Snake Plissken est cette fois-ci envoyé dans un Los Angeles futuriste, coupé du reste du monde géographiquement, mais qui a prolongé une sorte de culture-bis par rapport à la ville d'origine. Tout est question d'images dans ce nouveau monde : les références sont télévisuelles (Plissken n'est connu que parce qu'il passe à la télé), cinématographiques (regardez bien les devantures des salles de cinéma abandonnées, ça donne un aperçu de ce que Carpenter pense du cinéma), et iconographiques (gros travail sur les costumes, et distribution hyper-vintage, Peter Fonda et Pam Grier en tête). Plissken est plongé dans ce monde d'apparat, 18908809_w434_h_q80prolongement tordu du Hollywood de la grande époque : la chirurgie esthétique est devenue un domaine macabre, le surf se fait à la faveur des tsunamis, le basket est un jeu contre la mort. Carpenter détourne des foules de symboles de la grande réussite américaine pour en faire des motifs morbides, punks, jusqu'au petit boitier qui déclenche l'apocalypse et qui rappelle étrangement la télécommande classique. Plissken est utilisé en tant que dernier rescapé d'une époque révolue, celle du XXème siècle, avec son blouson de cuir, ses méthodes de combat à l'ancienne et son apparence de pirate. Un pied déjà à moitié dans le passé, il est une pure image du "monde d'avant", allant jusqu'à devenir sur la fin une pure apparition virtuelle face au pragmatisme de l'Amérique. Le jeu fatigué de Kurt Russell n'est pas pour rien dans cette impression d'assister à la lutte de deux visions de la société, l'une "noble" (la solitude du cow-boy), l'autre mondialisée (le président médiatique, le terrorisme à grande échelle, les satellites assassins).

18908807_w434_h_q80Deux sociétés qu'on peut facilement assimiler à deux visions du cinéma, et c'est là que Escape from L.A. touche le plus. Plissken, c'est Carpenter lui-même, qui critique avec un ricanement l'Amérique qu'il a toujours refusée, celle du divertissement facile et de la fausse démocratie. C'est certes simpliste, mais ça fait quand même vachement du bien de voir un réalisateur de films d'action mettre en doute la démocratie contemporaine à grands coups de mandales dans la face. Plus ça va, plus le film s'enfonce dans un nihilisme noir, jusqu'au final résolument bluffant (rien que pour la dernière réplique, le film est un must). Le trait est chargé, c'est vrai, mais après tout un bulldozer n'est pas une arme trop lourde pour attaquer les fâcheux qui nous gouvernent, et les studios qui empêchent Carpenter d'être à la hauteur de ses ambitions. On applaudit alors à toutes les gifles qu'il assène, même les plus bruyantes, et on se réjouit qu'un tel anarchiste ait pu un jour réaliser des films au sein de l'industrie. (Gols 23/09/08)


Une suite à la première mouture qui reprend quasiment à la lettre l'introduction d'icelle (longue et un peu inutile du même coup) mais qui propose en effet un joyeux jeu de massacre anti-système (et par la bande, anti-hollywood) dans la seconde partie : un Buscemi en représentant des nouvelles "stars" (de pacotille) et en guide des maison des anciennes stars, véreux au possible (tout un système vérolé), un public, lors du challenge de basket, armé jusqu'aux dents et décérébré au possible, un Che Guevara de carton qui reprend l'image de l'ancien mais qui se révèle aussi destructeur qu'un bon despote, toutes les icônes, tous les symboles (l'apparence faussée, l'engagement sans fond...) de ce cinéma-là sont mis à bas et on sent que le gars Carpenter, par le biais de son héros inamovible, prend un malin plaisir à déboulonner les statues. Certes, c'est un peu fauché (la scène de surf fait franchement mal aux yeux, l'attaque en deltaplane fait doucement marrer), mais cela rend le film encore plus sympathique : Carpenter, dans une salle de bain avec option vagues sauvages et avec deux pékins pendus à un fil, nous donne à voir un film d'action qui part dans tous les sens et on se réjouit de voir autant de dérision dans un tel barnum futuriste et pétaradant. La fin, anarchiste à souhait, se jouant jusqu'au bout des apparences, est encore une fois assez jouissive, Snake renvoyant cette civilisation de barbares... au premier temps de la barbarie (au moins, l'original aura plus de valeur que cet ersatz de monde pourri et manipulateur). Un film de vidéo-club, once again, mais bourré de petites attaques mesquines envers ce monde boursouflé et grandiloquent. Thanks John. (Shang 12/06/23)

vlcsnap-2023-06-12-11h06m37s850

tout Carpenter is bloody here

Commentaires
M
Chroniques au poil. Vous auriez pu également évoquer le redouble "Plutoxin 7" injecté à Plissken pour qu'il participe au cirque, je pense qu'au vu des évènements des 4 dernières années, Carpenter ne pouvait pas anticiper plus...
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M
Chroniques au poil. Vous auriez pu également évoquer le redouble "Plutoxin 7" injecté à Plissken pour qu'il participe au cirque, je pense qu'au vu des évènements des 4 dernières années, Carpenter ne pouvait pas anticiper plus...
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