Courts-Métrages d'Agnès Varda : Les courts "Contestataires" (67-75)

Oncle Yanko (1967)

Portrait très attachant de ce cousin de la famille Varda, peintre installé dans la communauté hippie de Sausalito et pote du père Henry Miller (ça doit forcément dire quelque chose à l'Ami Gols, incalable sur ce sujet). En trois jours, Agnès Varda tente de faire un très joli portrait de cet homme, artiste rêveur, qui habite l'une de ces bizarroïdes et extraordinaires maisons flottantes dans la baie de San Fransisco. De ses racines grecques à sa conception de la peinture en passant par les petites bouffes du dimanche et les virées en bâteau entre potes habitants les lieux, l'Oncle d'Amérique Yanko se raconte et à défaut d'être devenu un oncle richissime fait preuve d'une richesse intérieure qui irradie littéralement. Posant devant ses tableaux de villes imaginaires, il lance quelques aphorismes bien sentis et partage son art de vivre; pitit morceau choisi : " -Que penses-tu de la mort? - Ne pose pas des questions plus grosses que toi..." Définitivement touchant et l'émotion se lit dans les yeux d'Agnès lorsqu'elle évoque, en introduction, cet homme fabuleux.

Black Panthers (1968)

Plongée dans le monde des Black Panthers : si l'entraînement des troupes fait passer quelques frissons dans le dos, les discours des uns et la détermination des autres permettent de parfaitement illustrer les idées de fond de ce mouvement - Pourquoi le groupe des panthères noires? Parce que la panthère n'attaque jamais mais sait férocement se défendre. Black is beautiful, j'en suis persuadé, mais l'on sent surtout cette volonté de lutter contre les cochons (nos amis les policiers) et cette lutte pour une vraie reconnaissance de leur identité. Il milite à l'époque pour la libération de leur pote Huey Newton, un de leurs leaders incarcéré dans des circonstances troubles. Les femmes, cheveux crépus fièrement dressés en bonbonne, sont un bel exemple de combats féministes. Le petit livre rouge du gars Mao traîne dans les poches des leaders du mouvement dans une colère... noire relativement impressionnante. On imagine la frêle Agnès se glissant entre les forêts de ces vestes en cuir, une Agnès qui rend parfaitement sensible toute la vigueur de ce mouvement dans ces années de contestation. Impressionnant.

Réponse de femmes: Notre corps, notre Sexe (1975)

Des femmes se mettent à nu au sens propre et au sens figuré pour parler fièrement et dignement de leur nature et se rebeller contre l'usage publicitaire révoltant qui est fait de leur corps (certaines publicités, faut avouer, à l'époque, ne sont pas piquées des hannetons... ah ben, ça continue sinon...). Superbe image de cette femme enceinte en tenue d'Eve qui montre avec bonheur son bidou rebondi mais sinon - je parle po du discours, je ne suis qu'un homme, hein - un petit côté, dans la forme, un peu factice comme si ces femmes récitaient un peu trop leur texte. Ca manque un peu de spontanéité, ou c'est moi ?... Le plan sur un groupe d'hommes un peu ahuris est tout de même suffisamment fendard pour faire passer ces quelques petites faiblesses de rythme.

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