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10 septembre 2008

Mondovino de Jonathan Nossiter - 2004

Mondovino_Edito2_article_RomanDuVin_septembre2005Intéressant documentaire qui se donne des airs de pourfendeur de la mondialisation des goûts pour mieux nous servir une tendresse revigorante envers l'être humain. Nossiter sillonne le monde, de l'Argentine à l'Italie, de Bordeaux à la Californie, pour dresser un état des lieux de l'univers du vin, ses exploitants, ses exploités, ses marchands et ses multinationales. Ce qui est beau, c'est qu'il regarde les vieilles familles bordelaises et les self-made-men américains avec la même attention, avec une ironie bon enfant qui fonctionne à merveille : les uns sont engoncés dans une tradition qui les transforment en hérauts d'un monde disparu, les autres sont des monstres de profit confondants de naïveté et d'irresponsabilité. Nossiter les filme avec une ironie jamais cynique, à égalité les uns par rapport aux autres, et du coup Mondovino laisse toute sa place à la réflexion du spectateur, le respectant dans ses idées et ses choix.

mondovino465Certes, on sent un peu quelle est l'opinion du réalisateur dans cette façon taquine de faire parfois la mise au point sur des détails plutôt que sur son interlocuteur (on attire l'attention sur l'immonde bouledogue d'un critique gastronomique, ou sur un petit vieux aux prises avec une échelle, et c'est toute une politique du regard qui s'installe) ou par cette propension à couper la parole des interviewés par le montage (dès qu'ils sont trop pontifiants, Nossiter coupe et passe à autre chose). Mais malgré tout, le film reste très honnête moralement, et met son point d'honneur à traiter tout le monde à égalité. Se dessine alors une carte du monde effrayante, les petits se faisant comme de bien entendu bouffer par les gros, les paysans propriétaires d'un pauvre hectare se faisant avaler par les firmes richissimes qui grignotent leur territoire et leur héritage. C'est aussi directement au spectateur que le film s'en prend, à cet aplanissement des goûts, révélant parfois de vraies scoops : les grands vins français qui sont obligés de modifier chimiquement leurs produits pour plaire à l'omnipotent américain, ou la lente apparition des vins d'Amérique small_178363latine. Il y est aussi question d'héritage (la grande famille, avec le père qui regarde ses enfants avec un oeil sévère et blasé), de pouvoir, de paysages (très belle photo qu'accompagne un regard énamouré sur la campagne) et de millions de dollars. A la fin du film, on a le coeur noué devant ces pauvres paysans chiliens qui tentent vaille que vaille de produire un fond de bouteille, et on a aussi l'impression que Nossiter a fait le tour du sujet, avec la politesse de cacher sa compétence par un amour de la vie et des gens tout à fait réconfortant. Très bon moment.

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