Une Nuit en Enfer (From Dusk till Dawn) de Robert Rodriguez - 1995
Je sais bien que le genre "film débile" a ses fans, et qu'il peut donner parfois des choses assez fun (comme Sin City du même Rodriguez) ; mais là, quand même, faut pas pousser, même en étant preneur du second degré, From Dusk till Dawn est digne d'un Besson en fin de CM2 (d'un Besson, quoi). Rodriguez utilise un scénario de Tarantino et se laisse aller à un spectacle pénible qui se voudrait déjanté et qui n'est que puéril. Deux tueurs (Clooney, à chier, et Tarantino, ailleurs) prennent en otage une famille (le père, c'est Keitel, affligé) pour passer la frontière mexicaine après un hold-up. Ils vont rencontrer une horde de vampires, et les dézinguer à tour de bras. Voilà. Oui, je sais... Infâmement mal écrit, le scénario est un grand n'importe quoi : en déséquilibre total, il ne sait jamais où il va, multipliant les clichés du cinéma de série Z adulé par Rodriguez : violence fun, personnages barrés, dialogues décalés, déification de l'action. On est dans le vide absolu, même pas de regard par rapport au genre, même pas de distance, tout est ras-la-moquette et jamais drôle. Rodriguez semble se foutre complètement du spectateur, persuadé de son bon droit à la connerie, recyclant les milions de cassettes vidéo qu'il a dû voir pour en faire un objet informe et très très pauvre visuellement.
Pourtant, il sue à la tâche : plans tordus, effets spéciaux dans tous les sens, le Robert se prend pour un vrai metteur en scène, et semble très fier de ses trouvailles. Ce n'est que pur exercice de style complètement vain. Confiez une caméra à un gosse, et vous obtiendrez la même chose. Sans aucune surprise, la mise en scène se veut pourtant très présente, avec un montage hyper-serré, des giclements de sang toutes les 2 secondes et des "idées" visuelles à la pelle : un pieu électrique pour tuer les vampires, une Juliette Lewis dôtée d'une arbalète, une Salma Hayek sous-utilisée en icône sexuelle, une croix-fusil-à-pompes, et j'en passe. Mouais... On s'ennuie à mourir à voir ce recyclage de motifs BD complètement démodé, et on rêve de renvoyer Rodriguez à ses joujoux et à sa PlayStation, domaine dont il n'arrive pas à s'extirper. Parfois, Tarantino laisse un peu trop apparaître sa paresse. Ca, du cinéma déjanté ? Laissez-moi rire.