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23 août 2008

Procès de Jeanne d'Arc de Robert Bresson - 1962

coffbresson2Bresson, c'est bien connu, ne rigole que quand il se brûle, et avec Jeanne d'Arc il semble bien avoir trouvé son sujet en or, puisque la donzelle n'est pas ce qu'on appelle une gironde coquine. S'appuyant uniquement sur des faits historiques avérés (documents d'époque, minute du procès), Procès de Jeanne d'Arc est sec comme du petit bois de bûcher, spartiate comme la cellule de la pucelle, et malgré tout assez émouvant.

La rigueur de la mise en scène, alliée à ce "jeu blanc" qui a fait la réputation de Bresson, finissent par former un dispositif puissant, qui ne doit rien à un quelconque romantisme ou à une quelconque tendance à mythifier le personnage : Jeanne est une jeune fille rebelle, qui répond à ses juges avec frontalité et sincérité, refusant coffbresson3de se compromettre pour échapper à la mort, allant jusqu'au bout de sa conviction. Il s'agit ici de foi, bien sûr, mais il est facile de transposer le personnage à notre époque, et d'y voir l'archétype d'une jeunesse révoltée et droite. Le très beau dispositif mathématique mis en place (champs/contre-champs cadrés au cordeau, rapidité et fluidité du montage, construction du film alternant scènes de procès et intimité de la cellule), loin de faire du film un objet froid, met en lumière une esthétique sensible et finalement assez sentimentale. Non seulement on apprend des tas de trucs (je ne savais pas que Jeanne avait abjuré ses paroles avant de se rétracter), mais en plus on assiste à un essai poétique sur un être pris dans les rêts du destin. La porte de la cellule est l'occasion de passages fantômatique de figures de ce destin, prêtres emplis de compassion, milords mandattés pour violer ou empoisonner la donzelle, symboles de la Mort à l'état pur. Bresson multiplie ces coffbresson5plans fugaces avec toujours une prodigieuse intelligence formelle, y adjoignant une série d'inserts magnifiques sur des gestes, des objets ou des symboles de l'emprisonnement infâmant de Jeanne (chaînes au pied, robe qu'on veut lui faire porter à la place de ses habits d'homme, croix lors de son exécution). Finalement, Bresson dresse le portrait d'un être plein de fougue et de foi, que la société sclérosée ne peut accepter en son sein : sujet romantique par excellence, mais qu'on nous laisse deviner sans nous l'imposer. J'ai connu expérience plus poilante, mais dans le genre "cinéma de la rigueur", un must.

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