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Shangols
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17 août 2008

The Last Waltz de Martin Scorsese - 1978

Last_20Waltz_20pic_203Grosse grosse déception face à ce film pourtant mythique de Scorsese. Après le magnifique montage de Woodstock, avant le grand moment d'inventivité de Shine a Light, Marty se met en tête de filmer le concert d'adieux de The Band, entouré de prestigieux invités, et on se frotte les mains à l'avance. Mais au bout de quelques minutes seulement, on déchante gravement : musique très scolaire, filmage maladroit à l'arrache, interviews sans aucun intérêt, le résultat est poussif et à deux doigts du désastre.

storyD'abord parce que la musique de The Band, eh bien, comment dire ?, c'est un peu de la merde. La troupe de Robbie Robertson semble d'ailleurs peu concernée par ce qu'elle joue : rythmique de balloche et voix banales, on les sent ailleurs, jamais emportés, à l'exception précieuse du gars aux claviers, visiblement plein jusqu'aux oreilles de cocaïne. Ca dépote comme une fête de samedi soir en Lozère, aucune présence, aucune énergie, un tchac-boum tchac-boum pépère qui ne décolle jamais. Jamais beaucoup aimé cette musique entre country et blues, mais là, je confirme : The Band est un mauvais groupe.

Même les invités semblent du coup mal à l'aise avec ces accords scolaires : Neil Young, Joni Mitchell, Eric Clapton ou Bob Dylan sont sur leurs rails,image économisent leur sueur et livrent des parties très tranquilles (voire assez inécoutable pour le final, "I Shall be released", repris en coeur par tout le monde à la manière de Band Aid, une horreur). Le top du top, c'est ce plan fugace sur un Ringo Starr à moitié endormi sur son rythme binaire, symbole de l'assoupissement général. Seuls quelques grands arrivent à passer par-dessus l'allanguissement général : Muddy Waters, impliqué et physique, ou Van Morisson, qui finit par s'énerver devant la politesse assoupie de ses camarades. Il faut attendre les tubes de The Band pour sentir enfin les pieds battre la mesure : "The Weight" est bien envoyé grâce à l'aide de The Staple Singers (me demandez pas), et "Up on Cripple Creek" n'a pas besoin de grand-chose pour être sympathoche.

Devant ce peu de matériau, Scorsese tente de sauver les meubles, mais fait preuve d'une maladresse désolante. Il met une bonne demi-heure avant de découvrir que le travelling peut avoir des vertus (c'est encore une fois "The Weight" qui ressort, avec de beaux recadrages sur les visages des choristes). Sinon, c'est du plan presque fixe et sans audace, et un montage laborieux qui Last_20Waltz_20pic_202heurte la musique dans le pire des cas, ou la souligne lourdement dans le meilleur. Il tente bien de capter quelques éclairs de complicité entre les musiciens, mais comme elle est pratiquement inexistante (The Band se contrecarre de ce que jouent ses invités), ça ne donne strictement rien. Il y a certes quelques jolis cadrages sur des profils, par exemple sur Muddy Waters que Scorsese filme simplement, comme il se doit, mais l'ensemble est d'une pauvreté visuelle effrayante. On a l'impression qu'il n'est pas libre de ses mouvements, engoncé dans des contingences techniques qu'il n'arrive pas à transformer en invention. Les quelques séquences où il est un peu plus libre (les chansons sans public, ou la visite du QG de The Band) sont un poil plus inspirées, Marty jouant agréablement avec les lumières et une esthétique un peu crépusculaire qui colle bien avec ce concert "fin d'époque" : le plan final est réellement le seul où on sent la patte d'un réalisateur. Bref, presque que du mauvais à dire de ce film à côté de la plaque, musicalement et esthétiquement.

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