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7 août 2008

My Fair Lady de George Cukor - 1964

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Tout simplement délicieux. My Fair Lady est à placer parmi les trois ou quatre plus belles comédies musicales américaines, alors même qu'il est assez hésitant dans les parties musicales. Les comédiens ne sont pas danseurs ni chanteurs, mais c'est justement leur maladresse qui touche, transcendée par une sincérité d'interprétation qui annule toute faiblesse technique. Cukor filme la vie, une vie rêvée et bigger than la vie, saturée de glamour et de couleurs explosives, mais une vie finalement assez finement vue, qui fait la part belle aux petites choses et aux personnages.

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La première moitié est un pur enchantement de film à l'ancienne : les quartiers de Londres recréés en studio, deux univers qui se rencontrent (les bas-fonds et l'aristocratie) dans un technicolor de rêve, mille petits personnages hauts en couleurs. Audrey Hepburn est une fleuriste-clocharde à la voix criarde, Rex Harrison un linguiste esthète et distingué : leur rencontre est improbable, et il n'en faut pas plus pour lancer un scénario au taquet, qui va voir se dérouler la métamorphose de la chenille en papillon. A côté de ces deux héros, Cukor s'amuse à créer un univers complètement artificiel mais diablement romantique : les charettes de fleurs, les jolis costumes de ces messieurs-dames de la haute, une façon de diriger le moindre figurant avec amour et considération. C'est dans cette partie qu'on a droit aux plus beaux morceaux de bravoure musicaux, et j'avoue ma préférence pour cette chanson anarchiste glorifiant la paresse et l'amoralité, braillée par un Stanley Holloway immense : "With a little bit o'luck", que je me suis passé cinq fois tant elle est réussie ("Avec un peu de chance, tu peux éviter de bosser" ou "Avec un peu de chance, tu peux te faire entretenir par tes gosses").

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Cukor crée une sorte de scène de théâtre "++", conservant quelques effets artificiels purement théâtraux (les acteurs qui se placent sur scène avant de commencer à bouger, les lumières "illogiques") et les décuplant dans l'espace grâce à l'ampleur du cinéma. C'est un festival de décor, de danse, de joie, de chants, d'humour et de féérie. Nickel.

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Puis la chtite Eliza Doolittle est prise en main par le professeur et suit des cours de diction ardus : là, on est dans la pure comédie de couple mal assorti, et ça charcle dans tous les sens au niveau des répliques. Le gars s'avère être un phallocrate de la plus belle eau, et ses considérations sur le célibat et la supériorité des hommes valent leur pesant de goujaterie. Il y a d'ailleurs de troublantes réparties du sieur laissant à penser qu'il n'est pas totalement indifférent au charme tout masculin de son copain Hugh Pickering. Hepburn, de son côté, s'éclate à créer un personnage gentiment trash, qui hurle "Bouge ton gros cul" au cheval lors d'une course distinguée. La suite, un peu plus attendue au niveau du scénar, est pourtant non moins jolie, la petite frimousse de Hepburn opérant un charme indéniable (pour peu qu'on craque pour les femmes-enfants). C'est le fête de la grande couture, Audrey changeant de robe à chaque plan, dans un délire de couleurs et de classe tourbillonnant. C'est la grande grande école du savoir-faire à l'ancienne ; rien n'est laissé au hasard, tout est réglé au millimètre, et pourtant on ne se sent pas étouffé sous le professionnalisme de l'ensemble. Les longues chansons qui viennent ponctuer l'action amènent leur lot de larme à l'oeil et de petit pas de danse dans son salon. Comme en plus, il y a mille trouvailles de mise en scène (le fantasme sanguinaire d'Hepburn filmé dans tout son excès, la course de chevaux hyper-superficielle esthétiquement), et que le film reste d'une discrète impolitesse jusqu'au bout (le clodo qui est obligé de devenir un bourgeois et qui s'en mord les doigts), on finit à genoux par respect. Grand.

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