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6 août 2008

Rocco et ses Frères (Rocco e i suoi Fratelli) de Luchino Visconti - 1960

rocco18my8Je passe sûrement à côté de quelque chose, mais je confirme ma première impression : je ne suis pas du tout fan de Rocco e i suoi Fratelli. J'ai essayé au moins 5 fois, mais c'est toujours le même constat. Tout y est pour faire un film admirable, sentiments, mise en scène, ampleur du sujet, etc. Mais quelque chose ne prend pas, quelque chose reste dans le domaine du pur académisme, quelque chose empêche le film de décoller vraiment.

C'est peut-être pas mon style. J'avoue que la fibre régionaliste est sûrement ce que j'ai de moins développé, et du coup cette histoire de famille déracinée qui rêve de retour au pays me laisse un peu froid. Visconti a beau appuyer sur la noblesse de coeur du clan Rocco, je n'y vois qu'un piteux exemple d'un état d'esprit passéiste avec lequel j'ai du mal à sympathiser. La mère de famille, jouée avec une outrance toute italienne, reste pour moi un personnage agaçant, tout comme me sont opaques ces nobles sentiments entre frères qui sont le sujet même du film. A vrai dire, le comportement de Rocco (Delon), prêt à sacrifier sa vie, sa dignité et son argent pour son damné de frère Sans_titreSimone (Salvatori), me reste particulièrement incompréhensible. Je note l'aspect tragique du personnage, je note la noblesse que Visconti octroie à ce nouveau Christ, mais je suis enclin à m'ennuyer aussi pas mal devant ces sentiments tout en puissance et en exagération. D'autant que Visconti n'est pas avare en démonstrations grand-guignolesques, notamment lors d'une scène de réunion familiale qui vaut son pesant de cris d'orfraie et de larmes en geysers. Fellini, lui, sait se moquer de cet esprit italien excessif ; Visconti le filme comme un summum de drame, sans distance, jouant sur les cordes du mélodrame avec trop d'insistance pour déclencher quoi que ce soit.

Et puis les acteurs (et là, je vais toucher un point sensible) me semblent un poil too much quand même. A l'exception d'Annie Girardot, assez géniale dans sa gouaille, les autres sont dirigés en archétypes, faisant rocco_visconti_lrgapparaître un Visconti plus préoccupé de photogénie que de véracité. Delon surtout est troublant : sa beauté, sa présence immense à l'écran, semblent contenter le cinéaste : il en oublie de construire un personnage crédible, et surtout de diriger l'acteur, très fade, chargé de répliques impossibles, tête-à-claques pénible. Pareil pour le reste de la distribution, souvent résumée à une ligne de scénario : le bon père de famille, le fils dévoyé, le garçon gentil, etc. Du coup, le scénario peine à décoller, porté par des acteurs qui suent visiblement à la tâche. Sur-écrit, il ne fait souvent qu'expliquer tout au lieu de suggérer, et la symbolique s'alourdit de plus en plus au cours de ces trois heures vraiment très classiques et scolaires. On se désintéresse petit à petit de ces pantins peu concernés. Le film semble écrit pour les manuels des étudiants en cinéma, appuyant chaque effet (l'ouverture du film, l'assassinat final, les combats de boxe, le dialogue central entre Girardot et Delon) en montrant trop ostensiblement son génie.

rocco3Je sais, j'exagère : Rocco e i suoi Fratelli est un classique, et mérite son statut. Il y a de magnifiques choses là-dedans, un noir et blanc très beau, quelques mouvements de caméra et effets de montage, une musique parfaitement utilisée, une façon d'utiliser le corps des acteurs, qui montrent quel grand bonhomme était Visconti. Mais je préfère définitivement les films plus tardifs du maître, ceux où il mettait son académisme au service d'un scénario digne de sa mégalomanie et de son caractère visionnaire. J'ai tort ? 

Commentaires
Z
Le rôle de Rocco est invraisemblable mais cela reste un très grand film. J'ai bien aimé le rôle de la mamma surtout interprété par cette grande tragédienne qu'était Katina Paxinou. J'aurais préféré un scénario moins tragique et je l'aurais intitulé Rosaria et ses fils.
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A
Sans vouloir faire du cirage de pompes, votre commentaire me comble. Je n'avais jamais réussi à le regarder en entier, maintenant c'est fait. Il le fallait. J'ai la conscience tranquille.
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