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31 juillet 2008

Ville Portuaire (Hamnstad) d'Ingmar Bergman - 1948

2071061857_c3749a64edLe jeune Ingmar affine son style et ses aspirations avec ce beau film-portrait, déjà très tenu au niveau de la forme et du fond. Il s'aventure sur la pente dangereuse de l'engagement social, à travers deux personnages subtilement écrits : d'un côté, la jeune Berit, fille rêvant d'amour et porteuse sans le vouloir du combat féministe naissant ; de l'autre Gösta, amoureux d'elle mais incapable de prendre des décisions, enfermé qu'il est dans les vieilles conceptions masculines des rapports de sexe. Sur 1h30, ce couple va tenter d'atteindre à la lumière et à la compréhension mutuelle, tout en endossant les figures de la mutation sociale.

bergman_portLe destin de Berit est bien tragique, mais en même temps d'une banalité effrayante : sa recherche de l'amour la fera passer pour une nymphomane, lui vaudra l'enfermement en maison de redressement, la poussera même au suicide. A travers cette femme, c'est la Femme que Bergman veut montrer, avec une tendresse et une révolte qui éclatent à chaque plan. Il découvre les vertus du gros plan sur le visage tragique de son actrice, et la beauté de ses plans est déjà bien en place. Il trouve en Nine-Christine Jönsson une bien jolie interprète, à la beauté quelconque qui convient parfaitement au propos : qu'il la filme riant aux éclats au cinéma, pleurant devant la dureté de la vie ou fermant ses traits sous la pression des fâcheux, Bergman la regarde en amoureux, lui confiant avec courage un rôle difficile, celui de la femme bafouée et incomprise dans un monde arriéré. Son partenaire, Bengt Eklund, est lui aussi relativement subtil, jouant un type un peu balourd qui va découvrir que la vie peut être plus belle que ce qu'il croyait.

protectedimageParfaitement construit en trois parties (la rencontre / le passé / l'émancipation), Hamnstad est un film d'une belle simplicité, et très varié dans son traitement : on passe de la poésie "solaire" de Bergman (belles scènes centrales sur un couple insouciant et passionné) aux tourments psychologiques (le personnage de la mère de Berit, autoritaire et diabolique), on alterne les plans presque documentaires (superbes instants volés sur les docks) et l'intimité la plus forte. Il y a aussi quelques séquences très inspirées sur des groupes de femmes, autre figure incontournable de Bergman, notamment au cours de la série de flashs-backs à la maison de redressement : on y retrouve la beauté de l'inspiration de L'Attente des Femmes, avec peu de moyens, juste dans le choix des comédiennes et des rythmes. C'est encore imparfait bien sûr, il y a quelques scènes en trop, et parfois quelques symboles lourds, mais Hamnstad est déjà un film courageux dans le fond et très "pro" dans la forme, qui montre une sensibilité naissante. A star is born.

l'odyssée bergmaneuse est là 

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