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25 juillet 2008

Prénom Carmen de Jean-Luc Godard - 1983

prenom_20carmen_20_20PDVD_012JLG s'assagit un poil dans cette oeuvre certes pleine de qualités, mais qui manie une poésie peu habituelle chez le grand homme. Son romantisme atavique, qui s'exprime souvent avec splendeur, a tendance dans Prénom Carmen à tomber dans quelques clichés étonnants de sa part.

 

Adaptant très lointainement et donc très justement le roman de Mérimée, Godard tente une variation sur l'amour en tant qu'isolement. Detmers (jolie mais peu godardienne) est une terroriste qui rencontre au cours d'un braquage un flic douteux (Bonnaffé, très bien), et qui va vivre pendant quelques jours 800_20prenom_20carmen_20_20PDVD_005une histoire d'amour/répulsion loin de tout, dans un appartement de bord de mer vide et perdu. Curieusement, le film tombe parfois dans des travers psychologiques assez vains : le personnage de Carmen X est d'un bloc, icône sexuelle et Femme avec un F majuscule (c'est-à-dire, sous le regard de JLG, agaçante, fascinante et incompréhensible), et cette fois l'inspiration étrange du style-Godard ne fonctionne pas avec ce type de personnage. Elle devient juste énervante dans ses poses de midinette concernée, et elle reste très peu attachante. Godard la filme moins bien que ses autres héroïnes, un peu embarrassé par cette jeunesse incontrôlable dégagée par Detmers. Du coup, les longues scènes qui auraient pu être sublimes entre les deux amants tournent un peu à l'explication psy, et ne sont pas convaincantes.

 

Heureusement, il n'y a pas que ça dans Prénom Carmen. Avant Soigne ta Droite, qui sera entrecoupé de PDVD_054scènes de répétitions des Rita Mitsouko, on assiste ici à des scènes de répétitions musicales (du Beethoven, comme pour éviter soigneusement Bizet), portées notamment par une jeune violoniste qui murmure des citations improbables en faisant glisser son archet. Ca donne un joli contrepoint aux scènes intimistes de bord de mer, et quand arrive une sublime chanson de Tom Waits par-dessus tout ça (vraie belle inspiration romantique du film), on comprend que le projet est avant tout musical. Le travail sur les sons est d'ailleurs toujours aussi parfait, voix avalées par les notes, bruits de la mer qui viennent chambouler la linéarité du film. D'autre part, les scènes plus humoristiques, parfois un peu lourdes (moins d'invention dans les jeux de mots qu'à l'ordinaire, on est à la limite de la gratuité à ce niveau-là), arrivent à point nommé pour sortir l'ensemble de la pesanteur qui menaçait : les plans sur Godard himself, enfermé dans un hôpital psychiatrique (avec Jean-Pierre Mocky, ehehe), qui joue au petit génie farfelu, sont vraiment poilants (une assistante le suit partout et demande à chaque phrases sybilline émise par le génie : "Je note ?").

 

PDVD_050Il y a aussi ces deux séquences de fusillade assez illisibles (mais ma copie DVD est très médiocre) qui rappellent le bon temps d'Alphaville et de Pierrot le Fou ; il y a ces personnages secondaires hallucinés (Villeret en voyeur mangeant du yaourt...), et ce sens du travelling imparable. Tout cela est bel et bon, très opaque mais on a l'habitude chez Godard ; mais le tout peine à toucher vraiment, comme une fantaisie sans légèreté, comme une parenthèse manquant d'inspiration. Un film sur la jeunesse, mais où la jeunesse fait défaut. Pas grave.

 

God-Art, le culte : clique

 

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