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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
19 mai 2021

La Dame de Shanghai (The Lady from Shanghai) (1947) d'Orson Welles

Orson Welles à la baguette, Rita Hayworth belle à se dammmmmmner, un imbroglio policier incompréhensible comme on les aime, et surtout une atmosphère de film noir qui rend la peau toute moite. Le personnage de Welles a beau savoir depuis le début que cette jeune femme blonde sent la poudre, il embarque fatalement avec elle, ne sachant au final qui a le plus de chance de rester sur le carreau.

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"A Shanghai, la chance ne suffit pas" - dès cette phrase, en introduction, comment ne pas être conquis, alors même qu'après 58 jours de pluie non stop le soleil revient à Shanghai. Faut s'accrocher et c'est bien ce que compte faire Michael O'Hara -Orson- lorsqu'il plonge dans le regard de la Rita. Un mari avocat handicapé, lfs15un associé pas très clair, une Rita qui cache un lourd passé, que Michael soit le pigeon tout trouvé, il en est lui-même certain ; seulement lorsqu'on tombe dans le filet d'une femme fatale, il faut faire les courses avec elle jusqu'au bout. Dans un parfait élan de lucidité, lors du pique-nique sur la côte mexicaine, ces trois personnages élardés dans leurs transats lui font immanquablement penser à des requins que la moindre goutte de sang va faire s'entre-dévorer. Tous les arrière-plans (qui sentent souvent la transparence) transpirent de noirceur (le bal de ces bateaux dans la nuit illuminés par quelques torches), la course poursuite endiablée entre Michael et Rita, dans les rues d'Acapulco, sur fond de musique casse-bonbon, sent le soufre, et lorsque Michael finit par accepter la proposition de l'associé, George Grisby (faire croire qu'il l'a tué) on se dit que le Michael ne voit quand même pas plus loin que le bout de son nez - ou que d'avoir vu une fois Rita en maillot de bain lui a fait perdre la raison, et là je comprends mieux. Orson sort la batterie d'effets techniques (plongée/contre-plongée, superbe sens de l'éclairage et de la profondeur de champ, angles impossibles...) sans jamais non plus trop tomber dans l'excès, semblant se concentrer sur les pensées que rumine son personnage principal, conscient de faire la connerie de sa vie, mais incapable de lutter contre la fatalité, aka Rita.

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Le spectateur se fait ballotter de port en port, tente, comme Michael, d'y voir clair en essayant de savoir qui manipule qui et se perd un peu dans ce dédale d'intrigues, de sentiments et de vengeance. Incapable de faire le point, on s'accroche à la Rita comme à une bouée, une Rita incandescente dont chaque apparition met sur les genoux. Il y a bien sûr la fameuse scène finale, jeu de miroirs à l'infini entre le mille-pattes Arthur Bannister, le mari de Rita, et cette dernière, qui paraissent prendre un malin plaisir à s'entretuer ; l'envie de tuer leur image, l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes, semblent presque prendre le pas sur la haine qu'ils ont l'un pour l'autre. On se retrouve, avec Michael, entre les balles, assistant à ce règlement de compte final sans trop chercher à comprendre lequel des deux personnages est le plus tordu. Devant une telle cruauté humaine, il ne tarde pas à quitter ce palais des glaces sur la pointe des pieds, comme s'il avait décidé de définitivement mettre fin à ses "illusions", dans tous les sens du terme. L'art de l'illusion, voilà d'ailleurs une bien joulie expression qui pourrait définir les dons de réalisateur de Welles. Sans fin, dans le fond.   (Shang - 01/07/08)


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Rhâââââââââ bon sang Rita. C'est la première réaction que j'aurais à la vue de ce film vénéneux et assez brumeux d'Orson, véritable déclaration d'amour en forme d'écrin à l'actrice, qu'on n'a franchement jamais vue aussi sublimée (le blond platine lui sied à ravir). Chaque plan sur elle est une merveille de jeux d'ombres, de cadre, de maquillage, qui déifie chacune de ses expressions, la transforme directement en photogramme historique et immortel. Peu importe dès lors que le film soit souvent invraisemblable ou incompréhensible : c'est un cadeau fait à Rita, et on s'en fout un peu de tout le reste. Même si, bien entendu, il y a aussi des tas d'autres qualités là-dedans. La mise en scène hyper stylisée de Welles est convoquée à chaque séquence, qui rivalisent toutes de virtuosité, malgré l'évident manque de moyens (les transparences sont très visibles). Il suffit de regarder comment il dope une simple scène de dialogue en numéro d’équilibriste pour en juger : la longue scène entre lui et Rita dans la nuit le long des ruelles bordées de bodegas est monstrueuse, avec ces travellings qui suivent les deux tourtereaux en aller et retour, et ces profondeurs de champ vertigineuses. Bien sûr, il y a la dernière scène aux miroirs, mais le film regorge de grands moments de grâce, et on peut dire qu'on en prend littéralement plein les yeux. Et plein les oreilles, puisqu'on trouve dans ce film le numéro 5 de mes cris préférés au cinéma (liste disponible sur demande), celui de Rita beuglant "I don't wanna DIIIIIE !"  dans une émotion absolument sidérante. Le son, parlons-en justement : son usage rend le film très étrange, les dialogues ayant de toute évidence été post-synchronisés dans une atmosphère très ouatée (un sas de sous-marin ?), ce qui met tous les sons au même niveau et occulte les bruits extérieurs : une atmosphère irréelle qui peut faire tomber le film dans le fantastique parfois, impression renforcée par ce goût pour le bizarre (le rire tordu du méchant, le corps cassé de Arthur Bannister), et par le montage déstructuré et souvent illogique. Welles transforme la contrainte (ses éternelles difficultés budgétaires) en avantages, et d'un matériau que n'importe qui aurait trouvé trop pauvre, il fabrique un petit chef-d’œuvre de noir et de romantisme... tout en chopant l'actrice principale. Grand.   (Gols - 19/05/21)

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Commentaires
S
Pas bien sûr que le Welles chopait la Rita au moment du film. Il me semble même qu'ils divorçaient.... Les méchantes langues disent que la blondeur et la tonsure étaient un genre de vengeance. Si c'est le cas, il s'est gouré en beauté, le génie du mal. <br /> <br /> J'adore ce passage de Rita avec Fred : <br /> <br /> <br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=WUhhKELUxB0<br /> <br /> <br /> <br /> Et, le Fred, lui, pendant le tournage, il a vraiment chopé la fille !
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A
Rita n'a comme dans tous ses films strictement aucun charisme et en plus elle joue comme un pied.<br /> <br /> reste évidemment la mise en scène. et là!
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M
Il est bête, ce film. <br /> <br /> Chichiteux.<br /> <br /> Vaniteux. <br /> <br /> Ventru, plein de vide.<br /> <br /> Scénario paresseux qui traîne. <br /> <br /> Traîne...<br /> <br /> Traîne...<br /> <br /> Ennuyeux.<br /> <br /> Gros bazar clinquant.<br /> <br /> De la verroterie.<br /> <br /> Oxygéné du bulbe et<br /> <br /> coupé court (comme les cheveux de la dame)<br /> <br /> Défilé de visages grimaçants<br /> <br /> Parfois, ça ressemble à...<br /> <br /> du Jean Herman.<br /> <br /> Période "Jeff"
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