Seuls Two d'Eric Judor et Ramzy Bedia - 2008
Je ne comprends franchement pas les critiques bienveillantes à l'égard de Seuls Two. Pour moi, c'est un solide plantage, et après l'intriguant Steak on dirait bien qu'Eric et Ramzy retombent dans l'indigence formelle la plus totale. Ils creusent pourtant la veine absurde du film de Dupieux, en choisissant de vider Paris de tous ses habitants afin de laisser libre cours à leur humour surréaliste. Mais ils ne semblent pas avoir compris que la (relative) réussite de Steak était justement dans la retenue, dans une forme très étrange qui "aplatissait" tous les gags, une sorte d'humour sans humour, quoi. Ici, les deux compères s'en donnent à coeur joie dans le gag régressif, et échouent totalement à trouver un style.
La première demie-heure est insupportable : jamais drôle, hystérique, se résumant à regarder Eric habillé en palmier (ouarf ouarf) poursuivant Ramzy, on tremble d'horreur. Quand le sujet apparaît enfin (les hommes disparaissent, ne laissant la place qu'aux deux ennemis jurés, dans une surenchère cartoonesque), on se dit que ça va enfin démarrer. Mais non. Passés les instants où on s'étonne de voir un Paris déserté (image désormais usée par maints films passés), on tombe dans le gag à outrance, surjoué et interminable. Dès que les gars ont une idée de dialogue, ils l'étirent jusqu'à plus soif, la vidant de tout humour. Pour des gars aussi aguerris, c'est sidérant de constater leur total manque d'inspiration dans les rythmes. J'étais seul dans la salle, et j'ai passé mon temps à crier à l'écran : "coupe ! mais coupe !", tant chaque plan semble trop long d'une bonne demi-minute. On comprend la critique sociale de la chose : livré à lui-même, ramzy endosse toutes les petitesses de l'Homme moderne (conduire une Formule 1, se la pêter au stade de France, jouer à la Play-Station), mais on se demande finalement si c'est vraiment une critique, et si Eric et Ramzy ne sont pas les beaufs qu'ils fustigent.
Le film s'étire ainsi, dans la consternation face à ces deux pitres qui pourtant savent parfois être drôles. Mais ce n'est pas non plus en donnant à leurs potes des petits rôles sans épaisseur et sans drôlerie (on croise Baer, Bouchez, Omar et Fred, etc., mais pourquoi ?...), qu'ils trouvent une légitimité comique. Au niveau formel, c'est encore pire : montage catastrophique, mépris de toute ambition esthétique,... On dirait du Besson. Une horreur.