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25 juin 2008

Et la Vie Continue (Va zendegi edameh darad - زندگی و دیگر هیچ) de Abbas Kiarostami - 1991

etl025Projet assez complexe que cette "trilogie du tremblement de terre" (Où est la Maison de mon ami / Et la Vie continue / Au travers des Oliviers) de Kiarostami : chacun des trois volets s'imbrique curieusement dans le suivant, dans une mise en abîme totale qui fait vraiment son effet. Dans cet épisode, il s'agit de retrouver au milieu des décombres du tremblement de terre le petit acteur de l'épisode précédent. Est-il mort ? Sa famille a-t-elle survécu ? Et surtout comment le rejoindre ?

Où est la Maison de mon ami était une merveille de fiction fortement ancrée dans la réalité ; avec affiche_Et_la_vie_continue_1991_1Et la Vie continue, Kiaro brouille un peu plus les frontières entre documentaire et fiction : l'Iran qu'il traverse est bien le vrai, celui qui pleure ses milliers de morts au milieu des ruines, les gens qu'il croise sont de toute évidence sincères quand ils affichent leurs malheurs, l'enjeu du film est bien réel, retrouver un enfant à qui l'on tient. Mais le film est en même temps évidemment scénarisé, le rôle du cinéaste étant d'ailleurs interprété par un acteur. La mise en scène, toujours aussi puissante dans sa radicalité en même temps que d'une sidérante beauté, n'est pas "faite sur le vif", on sent bien que tout est calculé de ce qui doit rentrer dans le champ, des rythmes, des cadres. Alors on est sans arrêt balancé entre la vérité de cette douleur et de cette quête, et l'artificialité du cinéma : thème éternel de Kiarostami, qui trouvera d'autres arcanes dans Ten ou dans Le Vent nous emportera, qui prolongeront encore ces questionnements éthiques.

Et la Vie continue est encore un peu timide dans sa façon d'embrasser ce concept purement intellectuel. Kiarostami n'est pas encore le créateur expérimental et cérébral qu'on connaît aujourd'hui, et est encore peu sûr de lui. Le film est splendide visuellement, très riche dans le fond, mais 1lencore un peu le cul entre deux chaises, ne sachant trop s'il peut se permettre ce qu'il pressent comme étant un outrage (se "servir" d'une tragédie réelle pour livrer une réflexion sur le sens du réel). Ce n'est pas grave, puisque Et la Vie continue est la plupart du temps bouleversant, dans sa façon de regarder un pays ravagé, dans la tendresse sans sentimentalisme qu'il confère aux gens, dans ses rythmes très bluesy (un blues en plein soleil, un blues sans plainte) ; et il est aussi impressionnant dans ce qu'on pressent du Kiarostami futur, au niveau formel : il y a déjà une utilisation du cadre qui sidère par son aspect mathématique, une réflexion très morale sur le travelling, et un refus de toute facilité. Le film est déjà très conceptuel, mais pourtant jamais froid. Totale satisfaction, mais existe-t-il un seul film faible dans l'oeuvre de Kiaro ?

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