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15 juin 2008

A Swedish Love Story (En Kärlekshistoria) (1970) de Roy Andersson

A peine âgé de 27, Roy Andersson signe son premier long métrage : inspiré de son propre aveu par les films de la Nouvelle Vague, mais également des films russes et tchèques du début des années 60, il signe un film d'une grande fraîcheur tout en faisant un constat amer et d'un lourd cynisme sur le monde des adultes dans cette société suédoise; il trouve un parfait contraste entre une histoire d'amour adolescente naissante et le monde pathétique de cette classe moyenne résolument moyenne.

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C'est fou comme on n'a plus du tout l'habitude de voir au cinéma une telle candeur dans des rapports adolescents - le puritanisme ambiant et la peur de parler d'amour en mettant en scène des mineurs finiront par faire passer notre époque pour plus coincée que l'ère victorienne. Franchement, sans aucun voyeurisme (on est loin de Larry Clarke), Andersson parvient à cerner avec une parfaite sensibilité les premiers gros chagrins d'amour, mais aussi les premiers attouchements pudiques de nos deux têtes blondes suédoises; la timidité à se parler malgré la chaleur des premiers regards échangés, la difficulté de croire en l'attention de son partenaire et les premières virées en mob, les petits bisous dans le cou et les premiers rendez-vous chez les parents, tout est traité avec un tact et une candeur d'un réalisme subtil. Nos deux ados "jouent" quelque peu aux adultes dans leur comportement, mais on espère qu'ils profiteront au maximum de leur petit bonheur et garderont cette affection avant de devenir comme leurs parents... Faut avouer que Roy Andersson n'y va pas avec le dos de la cuillère lorsqu'il évoque la petitesse, la solitude, la vulgarité, le carriérisme et la pauvreté intime des deux générations précédentes. Les réunions de famille semblent tourner à vide - ces adultes ressemblent plus à des ombres ambulantes qu'à des personnages de chair et de sang -, les engueulades -notamment chez les parents de la jeune fille- sont apparemment les seuls moments où le couple se parle, la vulgarité et les blagues à deux balles résument ironiquement toute la lourdeur comique de ces fêtards du samedi soir, et la dernière partie - celle de la fête et de la recherche d'un homme perdu dans le brouillard - atteint un pathétisme d'une tristesse terrible; le père de la jeune fille, vendeur de frigos de son état, finit par s'effondrer en faisant le bilan de sa pauvre vie et illustre à lui seul le drame de ces petites vies.

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Roy Andersson - sans le "maniérisme" de Chansons du deuxième étage dont je ne garde qu'un lointain et très vague souvenir - apporte du sang frais dans le cinéma suédois et signe une oeuvre d'une grande luminosité, dans le portrait de ces adolescents, qui tranche définitivement avec la grisaille tristoune des adultes. Le film souffre peut-être parfois d'une petite baisse de rythme, mais pour un premier film on sent déjà la parfaite maîtrise de son sujet. Intense comme le regard bleuté sidérant de cette jeune ado, dorée et craquante comme un  petit pain suédois à l'aurore (pas la grande forme métaphorique en ce moment, je vous l'accorde, mais vous avez pas vu le temps ici, fusil...) 

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