Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
11 juin 2008

J'ai toujours rêvé d'être un Gangster de Samuel Benchetrit - 2008

18889737_w434_h_q80Bonne surprise que ce film dont je n'attendais strictement rien (séance "obligatoire", pour ainsi dire, je me comprends). Benchetrit est un auteur calamiteux, un metteur en scène de théâtre ringardissime, mais il faut reconnaître que J'ai toujours rêvé d'être un Gangster a une certaine classe. Même s'il est empêtré dans son réseau de références, et se limite au simple pastiche d'autres films, il est très marrant et suffisamment bien foutu pour qu'on passe un très bon moment.

Le film est découpé en quatre parties, comme les films à sketches de la grande époque italienne, première référence évidente. Comme dans Le Pigeon, on assiste à un défilé de bras-cassés rêvant tous d'être hors-la-loi, depuis le looser qusi-SDF (Edouard Baer, rythmiquement parfait) jusqu'à la débutante motivée (Mouglalis, jolie mais assez maladroite dans son jeu), depuis les prolos gentils (les mêmes que ceux de Lucas Belvaux, mais drôles) jusqu'aux petits vieux rêvant d'un dernier coup (quatre ou cinq légendes du cinéma que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître). Dans un noir et blanc volontairement sous-exposé, au milieu des rayures de la pellicule et des sautes de bobines, ils promènent leurs envergures de minables au milieu des tables d'une cafétéria de nationale, lieu de leurs rencontres et point commun de tous les sketches. Il y a aussi une rencontre Bashung-Arno assez rigolote même si on l'a déjà vue dans Coffee and Cigarettes 18889735_w434_h_q80avec Tom Waits et Iggy Pop ; mais ce n'est pas la partie la plus intéressante, trop à part dans le projet global du film, trop volontairement décalée et écrite.

Dialogues lentissimes et absurdes, à la Tarantino, comique de situations et de personnages, c'est très plaisant, d'autant que Benchetrit sait jouer des rythmes exsangues et des tronches pathétiques. Le film est attachant, n'hésitant pas à flirter avec les bons sentiments (l'enlèvement de la fille de riches vire à la chronique douce-amère) ou le boulevard (les dialogues du sketch des vieux), mais gardant quand même la plupart du temps une bonne tenue formelle. Certains gags sont vraiment fins, souvent plus grâce aux subtilités des acteurs que grâce à l'écriture. Benchetrit les regarde avec amour et respect, les laissant cabotiner à leur aise, ou acceptant leurs faiblesses (Bashung et Arno sont très mauvais, mais presque émouvants à cause18889740_w434_h_q80 justement de ça).

Bon, ça va certes pas pêter loin, et le film reste très gentil. Quand Benchetrit veut être malpoli, ça donne au maximum Jean Rochefort qui utilise le mot "gland" dans une réplique. C'est absolument creux, ça ne dit rien de plus que "j'aime le cinéma à l'ancienne". Mais l'hommage passe, parfois lourdement (les fins de plans systématiquement coupées pour donner un petit coup de peps à la scène), la plupart du temps plaisamment. Un bien bel exercice de style qu'on quitte avec la banane.

Commentaires
Derniers commentaires