Le Lieutenant souriant (The Smiling Lieutenant) (1931) d'Ernst Lubitsch
Je suis pas sûr que Maurice Chevalier soit le meilleur cadeau qu'on ait jamais fait aux Américains, mais faut reconnaître que dans le rayon sourire ultrabright (il faut l'observer entre deux tirades pour le croire), gars qui positive et levage de poulettes, il perd pas une occasion. L'intrigue est fine comme une lame de rasoir : notre Maurice est fou amoureux de Betty Boop Claudette Colbert mais se voit imposer par son roi autrichien un mariage royal avec la princesse de Flausenthurm (pas qualifié pour l'Euro); il refuse de consommer le mariage, continuant ses aventures avec sa Claudette et il faudra l'intervention de cette dernière auprès de la princesse ("Jazz up your lingerie"!) pour que le Maurice se décide à passer à l'acte. La musique d'Oscar Strauss fait valser son monde et si les paroles des chansons sont un poil ridicules (Tatata rata tata... 37 fois), elles respirent les allusions sexuelles comme on ose à peine y croire. Toute la légereté de la fameuse Lubitsch touch semble reposer dans cette facilité à traiter de la bagatelle, notre Maurice ne pensant qu'à "manger" ses partenaires du soir au petit matin. De la première poulette dans la séquence d'ouverture (une lampe en gros plan qui s'allume et qui s'éteint pour symboliser l'acte amoureux, bon) à la nuisette de la princesse ultra indécente (on est 1931, restons sportifs), tout est axé sur la Chose et, sans jamais tomber dans une once de vulgarité, le film est sexy en diable - la tension sexuelle entre Maurice et Claudette est palpable. Je dois reconnaître tout de même que si le Chevalier m'avait assez amusé dans One Hour with you, il faut le consommer à petite dose... Ses mines (la joie, cling, la colère, froncement de sourcils - c'est tout, pas d'autre émotion) et son accent de la mort (que les Américains trouvent cela romantique ne finira jamais de me fracasser) finissant par m'agacer un tantinet. Mais bon, restons joyeux, je vais aller m'empresser d'ajouter de la dentelle à mon caleçon.