One Hour with You (1932) d'Ernst Lubitsch

Une autre version du film existe en français (Une Heure près de toi) mais bon, ayant vu la version en anglais avec the Frrranch acccant of Maurice Chevalier, gardons le titre original. La trame n'est pas sans rappeler celle qui sera reprise dans Kiss me stupid, deux époux s'aimant à la folie étant infidèles chacun de leur côté, le temps d'une petite nuit. Je vous rassure tout cela n'est point grave, on est au cinoche, tout est bien qui finit bien, on pourrait presque y voir une bonne vieille catharsis des temps modernes...

Ca s'embrasse gentiment sur les lèvres dans les parcs publics (heureusement la police sarkozienne veille), les taxis sont des lieux de rencontres dignes des calèches de Madame Bovary, ça flirte dans tous les coins - le dénouage de cravate semble être le summum de l'acte sexuel -, deux vieilles amies de classe s'embrassent sur la bouche (ce film de 1932 serait donc toujours interdit aujourd'hui en Chine, je sais de quoi je parle... Hum) et on a même droit à un valet qui fait croire à son boss que ce dernier est invité à une soirée costumée pour le plaisir de le voir en collant - super hot et tendancieux, le Lubitsch. Maurice Chevalier s'en donne à coeur joie, se croit dans un film de Godard en s'adressant constamment à la caméra, et multiplie les petits numéros comiques (ah! le comique de répétition) qui finissent automatiquement par nous faire péter un petit rire nerveux : son "rooooh Mitzi" (12 fois) ou encore son rire forcé suivi de grands blancs avec le professeur, juste après que la femme de ce dernier ait dragué farouchement notre Maurice, sont des exemples du genre. L'ensemble ne manque point d'allant, les petites séquences musicales sont mignonnes et gentiment rimées, on passe un bon moment sur fond d'amourettes croquignolement amorales. Cela n'atteint pas encore le génie pur et dur des grands Lubitsch, mais ne faisons point la fine bouche devant cette petite soirée bien enlevée.