La Guerre selon Charlie Wilson (Charlie Wilson's War) (2007) de Mike Nichols

On ne sait pas vraiment ce qui finit par être le plus inquiétant dans ce film : que ce soit apparemment le plus branleur des élus du Congrès américain qui soutienne les Afghans dans leur combat contre les Russes (suite à une visite dans un camp de réfugiés comme si le gars découvrait la réalité), que le niveau de conscience politique des Américains et des élus en particulier s'arrête à la classe de sixième, que ce soit l'enchaînement simpliste des décisions de politique extérieure américaine (on vote un budget pour faire plaisir à un gars sans vraiment réfléchir aux implications), ou que ce soit, en parallèle, le côté ultra simpliste du cinéma américain grand public qui touche ici au manichéisme le plus primaire (pas nouveau certes, mais poussé ici à l'extrême... On est en 2008, non ?).Si le sujet n'avait pas un pied dans la réalité, on ne verrait là-dedans qu'une farce de bas étage. On peut prendre le parti facile de la poilade -bon, un film de Mike Nichols avec Tom Hanks et Julia Roberts - comme on peut finir carrément horrifié par cet enchaînement de platitudes où tout le monde semble avoir, au mieux, deux neurones : c'est du cinoche, ouais cool, mais qui évoque quand même une des pages historiques les plus tragiques de ces vingt dernières années, vu à travers les yeux d'un Ricain le plus tordu du Congrès; on finit par se demander ce qui se trouve dans les livres d'histoire américains : parlons de l'Afghanistan, grand 1: Charlie Wilson... Cet ethnocentrisme a de quoi effrayer et la mini crise de conscience à la fin du film est quand même bien pauvre au regard de l'ensemble de ce pastiche. Difficilement digérable en conclusion. Reste, pour le fun, (sinon on finit en larmes, à trop vouloir se prendre au sérieux... On imagine Godard vomir au bout de deux minutes à la vision du truc) la performance de Seymour Hoffman, le plus grand acteur américain en colère (déjà vu 231 fois mais je suis client).